Deux mois pour réussir l’examen du CRFPA : conseils d’experts

Le compte à rebours des révisions de l’examen du CRFPA a déjà commencé. Le stress commence à monter et les questions sur les révisions fusent. Comment bien organiser son planning de révision pendant l’été ? Dois-je prendre quelques jours de repos ?  Comment se préparer au Grand Oral ? Des professionnels du droit répondent à toutes vos interrogations et vous donnent des conseils pour faire face à cet été pas comme les autres.

Présentation des intervenants 

– David SOLDINI, Maître de Conférences et Directeur des études de  l’IEJ de Paris I Sorbonne

– Esther BENDELAC, Docteur enseignant chercheur à l’université Paris 2 Panthéon-Assas, enseignant Cap’Barreau pour le DIP, le droit des obligations et le droit des affaires

– Alexandra SCHILLI –LAYANI, Docteur en droit, enseignant Cap’Barreau, spécialiste de la note de synthèse

– Christelle BANGOURA, élève-avocat ayant réussi le CRFPA sans prépa

– Charlotte KRIEF, élève-avocat ayant réussi le CRFPA avec prépa

Avant les révisions, ces questions qu’on se pose tous

Faut-il passer le CRFPA à la fin de son M1 ou de son M2 ? Tout dépend des profils. Certains étudiants trouvent qu’il est plus approprié de le passer dans la foulée du M1 car les connaissances sont encore fraîches. D’autres estiment que le M1 demande déjà beaucoup de travail, qu’il n’y a pas vraiment de temps pour assister au cours de l’IEJ en plus des TD et cours magistraux, qu’il est donc nécessaire de prendre du recul et de le passer en Master 2.

Beaucoup d’étudiants ne peuvent pas assister aux cours de l’IEJ dispensés pendant l’année, est-ce un réel handicap ? Oui c’est un handicap. Après il ne faut pas exagérer l’utilité des cours dispensés à l’IEJ. C’est le plus souvent de l’actualisation donc vous pouvez tout à fait faire des recherches de votre côté. Néanmoins, les entrainements sont vraiment la clé de la réussite donc si vous n’arrivez pas à suivre le rythme des cours de l’IEJ pendant la semaine, essayez vraiment d’aller aux entrainements qui se déroulent souvent le samedi matin.

Beaucoup d’étudiant envisagent de faire un stage pendant leur préparation, pensez-vous que l’on peut conjuguer les deux ? Dans le cadre de l’organisation, c’est tout à fait compatible. Après cela dépend de chacun. Néanmoins, il est assez dangereux de faire un stage qui commencerait en juillet car cela réduirait drastiquement le temps alloué aux révisions : vous ne pourrez travailler que le soir et le weekend end. Il est donc conseillé de soit faire un stage à mi-temps à partir de juillet (3 jours par semaine par exemple), soit faire de un stage qui commencerait en septembre et si possible après les écrits. Tout dépend également du stage que vous ferez car si vous faîtes un stage en lien avec une matière que vous passez au CRFPA (en cabinet à rédiger des conclusions en droit du travail ou en droit des sociétés), cela vous permettra de vous entrainer pour les cas pratiques.

Les choix tactiques, ça marche vraiment ? Si j’ai entendu dire que le droit de la famille était très bien noté mais que je n’en ai jamais fait et que je ne suis pas une grande adepte, dois-je choisir cette matière ? Si c’est un choix tactique, vous n’allez pas travailler avec plaisir mais vous serez contraints et forcés, tout en ayant conscience que potentiellement, ces dures heures de labeur vous serviront à quelque chose. Après, à chacun de voir : êtes-vous capable de travailler à fond une matière que vous n’aimez pas ?

Pourriez-vous  revenir sur les documents autorisés lors de l’examen du CRFPA ? Il y a une règle : tout le droit positif est autorisé. Un conseil : il ne faut pas hésiter à contester ce qu’on vous dit à l’IEJ au sujet des documents autorisés. C’est le seul examen pour lequel il existe un texte relativement clair et il n’y a aucun espace à l’interprétation.

L’organisation des révisions pendant l’été

Est-il recommandé de ficher ses fascicules et connaître ses cours sur le bout des doigts avant de commencer la prépa ? Si vous n’avez jamais fiché de votre vie, il ne semble pas pertinent de le faire. Si, au contraire, vous avez toujours fiché vos cours et que cela vous aide à apprendre, alors oui, continuez à ficher. Chacun sa méthode de travail. Après, concernant la question de savoir si l’on doit venir à la prépa en aillant déjà travailler, la réponse est oui. Vous ne pouvez pas venir à la prépa en n’ayant aucune connaissance. Maintenant, rassurez-vous, vous avez des connaissances car les matières que vous passées ont déjà été, pour la plupart, étudiées lors de votre cursus.

Faire ses entrainements avec un fascicule de cours ou un manuel sous le nez, c’est si grave ? Il faut une montée une puissance dans l’entrainement. Il est recommandé, si vous n’avez fait aucun entrainement à ce jour, de faire le plus d’exercices possibles même dans des conditions très confortables (avec vos manuels, le temps qu’il faut…) et voir les corrigés après. Progressivement, vous pourrez faire une épreuve dans le temps voulu puis après, vous éliminerez petit à petit vos manuels. Il ne faut pas s’essouffler dès le début car la préparation au CRFPA est un marathon. Il faut y aller progressivement pour réussir à tout donner dans le sprint final.

Concrètement, quelle est la recette miracle pour réussir à avaler plus de 500 pages de cours en deux mois ? L’objectif n’est pas d’apprendre par cœur vos cours sans comprendre. Il faut avoir du recul sur la matière que vous apprenez. Lire par exemple une première fois, même en diagonale, un manuel ou un fascicule de prépa avant de commencer à apprendre, c’est très utile pour permettre à l’étudiant d’avoir une vision d’ensemble. Il faut également vous entrainez : que ce soit dans le cadre de votre prépa ou dans le cadre d’une préparation seule où vous pourrez demander l’accès aux annales à votre IEJ. Par ailleurs, même si le droit est très vaste, les sujets reviennent souvent quand vous regardez attentivement les annales.

Christelle, tu n’as pas fait de prépa mais tu as brillamment réussi l’examen du CRFPA. Comment as-tu organisé ton planning de travail pendant l’été ? « Pendant l’été, j’ai révisé seulement les écrits. A partir du mois de janvier, j’ai assisté à tous les cours d’actualisation de l’IEJ pour les matières que je comptais prendre en septembre. Ce qui fait que pendant cette période, j’ai réussi à déterminer des axes de révision. J’ai fait également tous les entrainements de notes de synthèse de l’IEJ de janvier à juin (6 ou 7 avec à chaque fois la mise en condition et la correction). En juillet, je me suis concentrée sur les autres matières car selon moi, la méthodologie de la note de synthèse était déjà acquise. Mon programme de révision était le suivant : je suis partie de mes cours d’actualisation de l’IEJ et j’ai fiché ces cours en les complétant avec des manuels et j’ajoutais également des jurisprudences récentes sur des points qui me semblaient essentiels. Par exemple en droit des obligations, j’allais regarder sur le site de la Cour de cassation  des arrêtes récents mais également dans des revues juridiques. Je constituais comme cela des fiches par matières. Une fois que mes fiches étaient prêtes, je les apprenais. Une fois que j’avais assimilé mes cours, je m’entrainais. J’allais à la bibliothèque et je m’entrainais en temps réel, dans les conditions réelles d’examen (en rédigeant en entier) et en prenant soit des sujets dans les annales, soit des arrêts qui me semblaient pertinents à commenter. Je me faisais ensuite ma propre correction en regardant ce qui n’allait pas, ce que je pouvais améliorer par rapport à mes cours, mes fiches ».

Charlotte, tu as raté une première fois le CRFPA, ta méthode de travail était-elle la même les deux étés ? « Oui, ma méthode de travail a changé. La première fois, mon but était d’emmagasiner le plus de connaissances possibles donc j’ai appris par cœur tous mes fascicules, sans que cela me serve à grand-chose. La seconde fois, j’ai pris plus de recul et au lieu d’apprendre par cœur bêtement, je comprenais ce que j’apprenais et surtout je m’entrainais, notamment pour la note de synthèse et c’est comme cela que j’ai réussi à acquérir la méthodologie propre à chaque exercice ».

Le Grand Oral

Comment se prépare-t-on au Grand Oral ? Il est nécessaire de revoir tous les grands thèmes des droits et libertés fondamentales. En plus du contenu de ces droits et libertés, il est OBLIGATOIRE d’y incorporer de l’actualité. Exemple d’une fiche sur le Conseil constitutionnel : rajouter de l’actualité sur les dernière QPC posées cette année qui ont fait grand bruit comme la déchéance de nationalité ou la question de la liberté d’entreprendre avec Uber pop. Réviser aussi la procédure pénale car c’est très utile d’avoir des connaissances pour le Grand Oral. Pour ceux qui ont un commentaire d’arrêt, il faut vous entrainez !

Quelles sont les erreurs à éviter ? Il y a des choses à proscrire en ce qui concerne la forme : il faut venir avec une tenue correcte, ne faut pas cacher ses mains et ne pas parler avec ses mains non plus, il faut bien s’exprimer, essayer de ne pas avoir de tics de langage (euh, donc..). Il faut également faire un plan et il faut impérativement que le jury arrive à vous suivre à l’oral (d’une part et d’autre part). Sur le fond, votre présentation ne doit pas comprendre d’erreurs fondamentales de droit, il faut que vous montriez à votre jury que vous maîtriser parfaitement le sujet, même si c’est juste superficiel : il faut séduire votre jury. Il faut également faire des parallèles avec de nombreuses matières. Une astuce ? S’entraîner en se filmant.

Lors de la seconde partie du Grand Oral, un temps est réservé aux questions du jury, que faire si l’on ne sait pas répondre à l’une des questions ?  Pas de panique, cela arrive de ne pas pouvoir répondre aux questions mais c’est à vous de tendre des perches au jury. Par exemple vous pouvez tout à fait évoquer une décision de la CEDH dans votre exposé sans rentrer dans les détails et vous serez sans doute interrogé, dans la partie question, sur cette décision. Le jury vous demandera d’en dire plus. Donc si vous maîtriser certaines choses en rapport avec votre exposé, il ne faut pas tout déballer mais laisser quelques idées vagues pour revenir dessus et montrer au jury que vous connaissez tout. Par exemple si vous parlez du droit à mourir dans votre exposé, vous pouvez rapidement dire qu’un cas fait actuellement débat en France puis revenir en précision lors des questions sur l’affaire Vincent Lambert.

Le mot de la fin : Qu’en est-il de la fameuse réforme de l’examen du CRFPA ? Il y aura un examen national avec des sujets uniformes entre tous les IEJ de France. Vous passerez l’examen le même jour, commencerez et finirez à la même heure mais l’examen se déroulera tout de même au sein de vos IEJ.  Il va y avoir une réduction du nombre de choix et la disparition vraisemblable de droit des obligations.

 

Charlotte Krief 

 

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