Forum des Carrières Juridiques : 3e édition – L’avenir prometteur des juristes

Événement fédérateur du monde juridique, le Forum des Carrières juridiques réunissait le 7 décembre dernier les recruteurs et les juristes en recherche d’emploi ou de formation au Pavillon d’Armenonville à Paris. La journée s’est déroulée en trois temps, alternant conférences, salon d’emploi et remise de trophées.

Placé sous le haut patronage du ministère de la Justice et avec le soutien de la Conférence des présidents d’université (CPU), le Forum des Carrières Juridiques a accueilli la famille
des juristes, ainsi que ses représentants. Stéphanie Fougou, présidente de l’Association française des juristes d’entreprises (AFJE), a inauguré la journée par un discours porté sur les carrières juridiques et judiciaires. « Le Forum des Carrières Juridiques est l’opportunité pour les jeunes juristes d’avoir une vue d’ensemble des métiers qui se présentent à eux et de rencontrer les professionnels », annonce la secrétaire générale du groupe Accor. Et de poursuivre, à destination des recruteurs : « Il n’y a rien de plus important que de s’intéresser à la jeune génération. Les métiers du droit sont en plein boom, ce sont des opportunités formidables, les métiers évoluent constamment. »

C’est ensuite au tour de la représentante des 37 000 avocats parisiens, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, Marie-Aimée Peyron, de livrer ses secrets de réussite à l’attention de la jeune génération : « Mon message est simple : n’ayez pas peur de vous investir, de travailler, s’exclame-t-elle. En un mot : osez ! » Et de poursuivre : « Il était essentiel pour moi d’être présente au Forum des Carrières juridiques, car c’est en passant le message aux jeunes que nous ferons évoluer nos professions. Partager avec eux notre expérience et transmettre notre passion sont essentiels. Jeunesse et compétence sont les deux mots qui résument cette journée », conclut Marie-Aimée Peyron.

AVOCAT OU JURISTE : POURQUOI PAS LES DEUX ?
La mutation des professions juridiques reste au coeur des réflexions de chacun. Parmi elles, les enjeux du contract management méritent d’être précisés par les professionnels de cette matière juridique en construction. La directrice des affaires juridiques du groupe Thales, Caroline Baetz, met l’accent sur l’importance du management des contrats au sein des entreprises : « C’est une profession encore trop peu connue, explique t-elle. Ce métier est pourtant porteur d’avenir pour les jeunes juristes », assure-t-elle. Pourtant, les candidats
sont encore rares. « Je peine à trouver de bons profils, les formations n’étant pas assez nombreuses », regrette la directrice juridique.

Un autre sujet de réflexion des professions juridiques est l’appréhension de l’univers de la legaltech, dont un grand nombre de représentants étaient présents au Pavillon d’Armenonville. Pour ces nouvelles entreprises du digital, la recherche de candidats reste spécifique. « Nous avons besoin de juristes pour continuer de faire évoluer nos programmes et accompagner nos clients dans leur déploiement au sein d’une direction juridique, explique Grégoire Miot, cadre dirigeant chez Legisway (Wolters Kluwer). Nos solutions ne se limitent pas au contract management, mais couvrent l’ensemble du spectre de l’activité juridique des entreprises », précise-t-il, comme pour surenchérir sur les besoins de spécialistes de la legaltech.

Et lorsque le candidat cherche à se convertir, un mécanisme de passerelles entre juristes et avocats s’organise. La faculté de passer d’un métier à l’autre est régie par le décret du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat. Sous réserve du respect de certaines conditions, celui ou celle qui justifie de huit années d’exercice au sein d’une direction juridique peut devenir avocat après examen de son dossier et une épreuve orale devant un jury. Laetitia Menasé est directrice juridique groupe chez Canal +. Elle a réalisé cette bascule. À la tête d’une équipe de 120 juristes, elle a commencé sa carrière en tant qu’avocate chez Bredin Prat. « On pourrait penser que le métier de directeur juridique est moins prenant que le métier d’avocat, mais cela est faux. La charge de travail et la responsabilité qui pèsent sur moi sont aussi importantes aujourd’hui que dans mon ancienne carrière, explique-t-elle. Même s’il est vrai que l’entreprise présente certains avantages que n’offre pas un cabinet. » Par exemple, selon elle, les avocats peuvent développer un sentiment de frustration lié à l’impossibilité
de suivre certains dossiers jusqu’à leur mise en oeuvre : « Nous accompagnons nos clients dans la construction d’un projet, mais nous sommes souvent absents lorsqu’il aboutit »,
regrette la directrice juridique.

Autre point important pour le choix de carrière : le secteur d’activité de l’entreprise. « Je suis fière de défendre les intérêts d’un groupe spécialisé dans les médias, ce qui ne serait pas forcément le cas si j’étais directrice juridique d’une entreprise de confection de produits industriels », confesse Laetitia Menasé. Un avis que ne partage pas Rémy Blain, l’associé dirigeant du bureau parisien de la firme anglo-saxonne Bryan Cave Leighton Paisner. L’ancien responsable juridique d’Airbus considère qu’un juriste s’adapte à son univers. « Lorsque je suis entré chez Airbus, je ne connaissais pas toutes les spécificités du secteur de l’aéronautique, j’ai appris sur le tas », explique l’avocat. Cependant, les deux s’accordent sur un point : les jeunes juristes doivent prendre des risques, les assumer, mais aussi provoquer les opportunités. « Que l’on soit juriste ou avocat, il faut se faire confiance, prendre des risques afin de grandir dans ses capacités, il faut oser », conseille l’avocat, prenant les mots de son bâtonnier. Un message partagé par le célèbre pénaliste Patrick Maisonneuve, pour qui « il est important de montrer aux étudiants que rien n’est figé, que l’on peut passer d’avocat à juriste, et inversement. Il faut être ouvert au monde qui nous entoure ».

TIRÉ À QUATRE ÉPINGLES
En plus d’être un lieu d’échanges, le Forum des Carrières juridiques favorise les rencontres. Les recruteurs partenaires y ont leur stand où ils déploient leurs marques et leurs atouts. Chez EY Société d’Avocats, par exemple, les juristes doivent patienter une vingtaine de minutes avant d’approcher l’associé responsable du recrutement, Stéphane Baller. Pour l’avocat, « cet événement est l’occasion de rencontrer des pépites qui, je l’espère, deviendront nos futurs collaborateurs ! » L’occasion pour le cabinet de présenter sa mission handicap, destinée à intégrer à ses effectifs davantage de collaborateurs en situation de handicap.

Le fondateur du cabinet Dolidon Partners, Guillaume Dolidon, relève un autre intérêt de cette journée : rencontrer des candidats qui ne seraient pas forcément venus vers lui et, inversement, aller vers des profils qu’il n’aurait pas naturellement retenus. Et, curieusement, l’avocat fait de la tenue vestimentaire un élément primordial de réussite. « C’est la première chose que l’on voit, confie l’avocat. Il est peu probable qu’une personne à l’apparence négligée soit prise au sérieux », souligne celui qui a également animé un workshop sur le sujet.
La conférence, intitulée « Être tiré à quatre épingles » souligne l’importance de l’apparence dans le milieu du droit, en particulier chez les avocats. « L’avantage du Forum des Carrières juridiques est le filtrage des candidatures, nous permettant de sélectionner les talents parmi les meilleurs », poursuit Guillaume Dolidon, à la tenue toujours élégante.

DES TALENTS RÉCOMPENSÉS
En fin de journée, des trophées ont été décernés aux étudiants les plus méritants. Ils ont été sélectionnés par un jury composé de professionnels du droit, spécialistes du droit des sociétés, du contentieux, du droit fiscal, des fusions-acquisitions, du droit notarial, financier, immobilier et des juristes d’entreprise. Les quatre cabinets d’avocats partenaires des prix, DLA Piper pour celui du meilleur talent juriste d’entreprise, Bougartchev Moyne Associés pour le prix du meilleur talent contentieux, Arsene Taxand pour le prix du meilleur talent fiscal et Flichy Grangé pour le prix du meilleur talent social ont salué les performances et accueilli sur scène les lauréats. Par exemple, couronnée d’une mention spéciale du Jury, Leila est titulaire du Capa et à la recherche d’une collaboration. Elle réagit à sa réussite : « Au début d’une carrière, ce prix est une opportunité pour présenter son parcours et ses perspectives de carrière. Il s’agit d’une première reconnaissance de la qualité de mon profil. » De quoi ouvrir des perspectives de carrière aux jeunes talents qui trouveront leur place dans des structures en recherche de juniors ayant déjà prouvé leurs capacités et leur ingéniosité.

 

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