Ma prestation de serment, ce moment inoubliable

« Je jure comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité, et humanité »

A quelques jours de sa prestation de serment, David Amanou, livre ses impressions et ses appréhensions sur le métier d’avocat qu’il s’apprête à embrasser après sept années d’études.

A quelques jours de votre prestation de serment, comment vous sentez-vous ?

J’ai vraiment hâte que ce jour-là ait lieu, car c’est un peu la consécration de mes études. C’est le jour, avec un grand J, de tous les jeunes avocats, et c’est un symbole fort car c’est notre entrée dans la profession. C’est également un jour important pour nos proches qui nous verrons porter la robe pour la première fois et jurer devant la Cour de respecter les principes déontologiques qui sous-tendent à la profession. Je me sens encore plus fier pour mes proches, mes amis, et ma famille que pour moi-même.

Avez-vous toujours aspiré à être avocat ?

Pas vraiment, j’ai eu un parcours qui ne me dirigeait pas forcément vers l’avocature, dans la mesure où j’ai fait des études scientifiques avant d’entrer à la fac de droit. Ce n’était donc pas ma vocation première. Pour autant, une fois entrée en faculté de droit, c’était un de mes principaux objectifs, car  quand on rentre en faculté de droit, c’est un métier vers lequel on a tendance à s’orienter naturellement.

Qu’est-ce qui vous attire dans cette profession ?

Si je devais citer un seul élément, ce serait les principes déontologiques : l’humanité, la probité, et le fait de pouvoir aider des gens. J’ai toujours aimé l’engagement associatif, et eu la volonté d’échanger, de rencontrer et d’apporter aux autres. Ces éléments je les retrouve beaucoup dans l’avocature, car c’est la base de cette profession, et c’est ce qui m’attire principalement.

Si un jour, vous réalisez que la profession d’avocat ne vous convenait pas, avez-vous prévu une alternative ?

J’y pense très sérieusement car je constate que dans le métier d’avocat, il y a la théorie, c’est-à-dire aider l’autre, conseiller, écouter, plaider, etc, qui semblent être les aspects positifs de la profession, et puis il y a la pratique ; le stress, les responsabilités, la fatigue, l’engagement perpétuel, et ce sont donc des inconvénients pour soi-même, pour une vie de famille, une vie sociale. Par ailleurs, il faut savoir qu’il y a deux types d’exercices pour un avocat : en tant que collaborateur et en tant qu’associé. Le premier, est sous la houlette d’un « patron », quand bien même il s’agit d’une profession libérale. Le second a son propre cabinet, seul ou en coopération avec d’autres associés.

Pour ma part, je débute comme collaborateur, mais par la suite après quelques années d’exercice, je souhaiterai ouvrir mon propre cabinet, c’est-à-dire rester dans la profession mais à titre individuel. Et si la profession d’avocat ne me convenait absolument pas, j’ai pensé à une toute autre alternative, qu’est le professorat. Il y’a beaucoup d’avocats qui deviennent professeurs en université notamment, et cela se rejoint car il y’a un échange qui consiste en une transmission d’enseignements. Ce n’est pas tout à fait la même relation qu’avec un client, mais c’est cette relation d’humain et de partage de connaissances qui m’attire.

Comment avez-vous trouvé votre première collaboration ?

Après toutes ces années d’études, on s’attend à ce que cela soit assez facile de trouver un cabinet qui recrute en tant que collaborateur. Cependant, il y a énormément d’élèves avocats puisque dans chaque promotion contient environ 1800 élèves. On se retrouve dans une situation où il y a une concurrence extrêmement importante. Pour ma part j’ai eu de la chance d’être en contact, grâce des connaissances, avec un cabinet d’avocats qui était intéressé par mon profil et je n’ai donc pas eu trop de difficultés à trouver ma première collaboration.

Avez-vous fait le choix d’exercer en tant qu’avocat salarié ou libéral ?

Le collaborateur salarié est comme son nom l’indique, salarié du cabinet à l’instar d’un salarié d’entreprise et perçoit un salaire dans le cadre d’une relation de subordination. Cela peut paraitre symbolique mais pour moi la profession d’avocat est par essence libérale : on développe sa propre clientèle, sa propre argumentation, etc. Il y a là une indépendance qui est la base même de la profession. C’est pour cela que j’ai tenu à exercer en tant que collaborateur libéral c’est-à-dire en toute indépendance et sans lien de subordination.

La taille de la structure est-elle importante à vos yeux ?

Les grandes structures, c’est-à-dire cabinets de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d’avocats, parfois implantés à l’international, sont pour moi, « des usines à avocats » dans lesquels il n’y a pas cette notion de contact humain. Pour ma part j’ai toujours recherché des échanges constants et perpétuels avec des confrères, des clients, des auxiliaires de justice, etc. Je voulais également pouvoir réaliser tous les actes qui incombent à l’avocat car dans les grandes structures, certains sont extrêmement spécialisés et sont réduits à leur spécialité. Je ne voulais pas me cantonner à un type de matière, à un type d’acte et à un type de procédure. J’ai eu l’occasion, lors de mon stage final, d’être dans un cabinet avec un seul avocat. Cela m’a permis de voir que je ne voulais pas non plus travailler dans ce type de structure, car la relation de proximité est là, beaucoup trop poussée. On est perpétuellement avec une seule personne, il faut bien s’entendre avec elle et si ce n’est pas le cas, cela peut nuire au travail et aux actes rendus. Par conséquent, je voulais un cabinet qui soit à taille humaine, c’est-à-dire entre 5 et 10 avocats.

A l’aube de votre entrée dans l’avocature, qu’appréhendez-vous le plus ?

Il y a beaucoup d’éléments que j’appréhende  car c’est un métier fait de responsabilités et de stress. Les gens qui viennent nous voir sont dans une situation de conflit que l’on doit gérer perpétuellement. Il est nécessaire d’être extrêmement professionnel  et de ne pas mettre d’émotions dans les dossiers traités pour rester objectif. Etant de nature à prendre les choses à cœur, j’appréhende particulièrement le fait de ne pas savoir prendre assez de recul lorsqu’une personne dans une situation très difficile viendra me consulter. J’appréhende également toutes les formalités de la profession d’avocat car c’est une profession extrêmement codée : les procédures et délais à respecter, la manière de recevoir les clients, etc.

De manière générale, quels conseils pourriez-vous donner aux futurs jeunes avocats ?

Globalement, Je leur conseillerai de se poser les bonnes questions quant à leur engagement dans la profession : est-ce parce que c’est une profession réputée ? Parce qu’ils sont attachés au principe d’indépendance de la profession ? Parce que leurs proches les y ont encouragés ? Ou est-ce parce qu’ils souhaitent s’engager réellement pour aider des gens en situation de conflit ? Ou encore  parce qu’ils ont envie de convaincre, persuader et de plaider ? Ils devront également se demander s’ils ont envie de défendre véritablement tout le monde. Il est important de préciser que les avocats ne sont pas là pour juger, mais pour recevoir des gens, les écouter, et les défendre quoi qu’ils aient fait. Par ailleurs, il faut qu’ils aient conscience qu’il s’agit d’une profession de responsabilité, stressante et très prenante. Il ne faut pas se lancer à la légère. Elle peut occuper l’esprit jour et nuit. Une fois la journée achevée, ce n’est pas toujours facile de se détacher de ses dossiers. Je dirai donc aux futurs avocats, qu’ils doivent être véritablement convaincus de leur envie d’entrer dans cette profession et être conscients des responsabilités qu’elle engage.

Quel regard portez-vous sur vos sept années d’études de droit ?

Je ne regrette absolument pas ces sept années de droit. C’est très épanouissant intellectuellement car il y a une multitude de droits différents, dont on ne soupçonne parfois même pas l’existence : du droit maritime au droit du travail en passant par le droit public. Le droit est également nécessaire lorsque l’on est confronté à des problèmes du quotidien. Je pense qu’il est important pour tout un chacun de connaitre et comprendre le droit, pour savoir comment et quand agir ou ne pas agir. Il permet aussi, de comprendre le monde d’aujourd’hui, car il sous-tend d’une certaine manière la politique, la société et les relations internationales. Globalement, j’ai appris énormément de choses utiles et nécessaires, et je ne regrette absolument pas ces sept années de droit. Je les referai avec le même enthousiasme si besoin en était.

Propos recueillis par Cheherazade CHIKHI

 

 

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