Le Vendée Globe, une course solitaire et sans escale

Le Vendée Globe … deux termes qui résonnent au fond du cœur de la plupart des coureurs au large. L’Everest des mers, une montagne que plusieurs d’entre eux rêvent de gravir. Seuls 71 marins sur 138, en 7 éditions, ont réussi à arriver à bon port. Mais pourquoi est-ce si difficile ? Une course en solitaire de 40 000 km, sans escale et sans assistance, voilà ce qu’impose le règlement.

Des semaines entières à ne pouvoir compter … que sur soi-même. Aucune autre personne à bord n’est tolérée, le marin est seul. Seul face aux océans, seul face aux éléments. Une seule exception existe : lorsque le skipper porte secours à un concurrent. Difficile manœuvre à réaliser, notamment pour Vincent Riou qui avait accueilli Jean le Cam à son bord, après le chavirage de son bateau. Rappelons que la non-assistance à personne en danger est considérée comme une infraction au sens de l’article 223-6 du Code pénal, c’est ainsi également valable pour des guerriers en course.

Sans escale, la règle est précise en la matière. Seul un retour aux Sables d’Olonne (port de départ et d’arrivée) est autorisé dans les 10 jours suivant le coup d’envoi. Sur cette édition, l’espagnol Didac Costa a été contraint d’y retourner pour problème d’électronique moins d’une heure après le départ. Ce délai expiré, aucun pied marin ne devra fouler la terre. A noter qu’on comprend par le mot « terre », celle qui est apparente à marée haute. Les pieds dans la vase pourraient ainsi être envisageables ! Ou bien mouiller l’ancre, comme Tanguy de Lamotte a fait aux Iles du Cap Vert il y a plusieurs jours. Si vous connaissez le mal de mer, eux connaissent le mal de terre … Le monde à l’envers !

Sans assistance : un bon marin est avant tout un bon bricoleur. Les skippers sont livrés à eux-mêmes pour toute réparation qui serait nécessaire. Des conseils peuvent être donnés par téléphone, mais les avaries ne peuvent justifier l’intervention d’une personne. Un médecin à domicile est un luxe qui n’existe que sur terre. En mer, c’est seul, avec une aiguille et un fil que le marin doit se recoudre. Une difficile épreuve à laquelle avait dû faire face Bertrand de Broc en 1992, avec une langue suturée … Enfin, le routage est absolument interdit, cela veut dire qu’aucune tierce personne ne peut indiquer au skipper le meilleur itinéraire, par exemple selon les conditions météorologiques et géographiques.

La direction de course sera intransigeante sur le respect de ces trois règles, et n’hésitera pas à sanctionner tout skipper qui ne s’y plierait pas. Comme pour toute régate, les bateaux sont contrôlés et jaugés et doivent remplir un certain nombre de conditions. Les règles de sécurité sont nombreuses : par exemple avant le départ, un représentant de la fédération française de voile vérifie la présence du matériel de sécurité sur l’IMOCA (le bateau). Autre règle, les marins engagés doivent avoir participé à un stage de survie, mais surtout, avoir effectué une qualification avant d’être autorisés à franchir la ligne de départ.

C’est sur ce point que le skipper sablais Jeff Pellet s’est vu refuser son inscription pour cette 8ème édition. Ce dernier n’ayant pu réaliser son test de jauge avant sa qualification, et celle-ci ayant donc été invalidée, le marin n’a pu quitter les pontons de sa ville qu’en « pirate », et non concurrent officiel du Vendée Globe. Selon lui les décisions du directeur de course et de la FFVoile ne sont pas fondées, et Jeff Pellet soutient que des circonstances exceptionnelles pouvaient justifier l’irrégularité de sa qualification. Il affirme qu’une erreur d’appréciation avait été commise par les deux auteurs de la décision, ces dernières ne comprenant par circonstances exceptionnelles que l’avarie majeure en course.

Il paraît nécessaire de souligner qu’une fois en course, les concurrents ne peuvent aller où bon leur semble, des zones interdites sont à respecter notamment en Antarctique, délimitées par des points établis par la direction de course. Contrairement à ce que l’on peut penser, les pirates et les icebergs n’existent pas que dans les films. Ainsi, qu’ils se laissent porter par le vent … mais dans une certaine limite ! Pour le moment, les marins en tête de flotte filent vers le Cap Leeuwin prochaine grande étape de la course, et c’est le français Armel Le Cléac’h qui mène la danse. Affaire à suivre … et bon vent !

Sibylle de Corberon

Pour aller plus loin :

Avis de cours Vendée Globe 2016-2017, www.vendeeglobe.org

 

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