La rémunération des jeunes professionnels du droit

Ici se  trouve peut-être l’article qui vous intéresse le plus ! Et oui en tant que nouvel entrant sur le marché du travail, se pose de manière inévitable la question de votre rémunération. Que représente votre contribution en tant qu’employé, collaborateur ou jeune notaire ? Y a t-il tant de disparités entre ces professions comme on vous le laisse croire ?

2013 a été une année de contraction. En effet, le marché français a subi un fort déclin sur le 1er trimestre et s’est montré assez difficile tout au long de l’année avec un ralentissement du nombre de recrutements et une incertitude généralisée. Vous l’avez ainsi sans doute remarqué le marché du travail étant de plus en plus tourné vers l’international, la maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères est aujourd’hui exigée à presque tous les niveaux de poste.

Toutefois, dans le même temps une spécialisation des postes et une exigence accrue quant aux compétences des jeunes collaborateurs et juristes est exigée de manière généralisée.
Et pourtant, il n’y a pas eu de bouleversement dans la définition des rémunérations des jeunes professionnels du droit, compte tenu notamment de la conjoncture économique incertaine. En effet, tant les entreprises que les cabinets d’avocats utilisent des grilles de salaires fixées selon l’expérience et les diplômes des candidats. Alors vous me direz qu’en tant que jeune professionnel du droit, vous ne saurez prétendre à une quelconque ancienneté mais reste t-il que pour en arriver là où vous en êtes aujourd’hui, vous avez dû effectuer de nombreux stages, apprentissages ou même obtenu un premier emploi…  Celles-ci feront de vous avec le temps de futurs experts dont les qualités indéniables seront recherchées.

Alors nous pourrions nous en arrêter là, mais c’est sans compter sur l’existence de facteurs complémentaires qui viennent nuancer ce constat. En effet, face à la stagnation des salaires, l’importance est aujourd’hui donnée aux perspectives d’évolution et aux bonus, pouvant aller jusqu’à l’équivalent de 3 mois de rétrocession (Etude de Rémunération Robert Walters 2014).

Vous me direz finalement que je ne vous renseigne pas vraiment sur vos perspectives de négociation lors de vos futurs entretiens… Ne craignez rien, les chiffres arrivent !

Les jeunes collaborateurs peuvent compter sur l’Union des Jeunes Avocats de Paris (UJA) qui détermine, aux côtés de l’Ordre, le montant plancher des rémunérations des jeunes avocats. Pour l’année 2014, le « tarif UJA » s’élève à 3.600 euros HT pour la première année de collaboration, et 4.000 euros HT pour la deuxième année.

Ce montant est déterminé selon une évaluation des dépenses quotidiennes auxquelles doit faire face tout novice de la profession. En effet, il ne faut pas oublier les différentes dépenses liées à la cotisation CNBF, les UR- SSAF, ainsi que les cotisations ordinales (RCP, Inscription au tableau, Prévoyance…). Ainsi, compte-tenu notamment de l’augmentation des cotisations CNBF, les montants adoptés pour 2014 sont en hausse de 1,55 % par rapport au « Tarif UJA » 2013 (fixé à 3.545 euros en 1ère année et 3.945 euros au-delà). Je le rappelle, il s’agit d’un montant plancher. Ainsi, vous pourrez prétendre à plus si vous rejoignez notamment des cabinets américains ou anglo-saxons qui ont pour répu- tation de reverser une gratification bien plus importante que les cabinets français de la place. N’en tirons pas des conclusions hâtives pour autant… C’est donc lors de l’entretien d’embauche qu’il faut poser cette question, alors n’hésitez plus !

Les jeunes juristes peuvent eux compter sur une grille de salaires relativement stable et définie à l’avance. Toutefois, le salaire d’embauche est déterminant. En effet, il est compliqué de rattraper en une seule fois un salaire sous- évalué à l’embauche. C’est donc dès maintenant, avant de signer votre contrat d’embauche, que vous devez vous attacher à ce point si crucial. Une fois accepté, vous n’aurez plus qu’une faible marge de manœuvre pour négocier une future augmentation de salaire. Force est de constater que d’une manière générale, les entreprises détiennent des grilles de salaires plutôt alignées entre elles. C’est ainsi qu’on peut retenir le tab- leau suivant comme référence principale. Il semble donc qu’en tant que jeune professionnel du droit, vous pouvez prétendre à une rémunération brute de 40 000€ par an, tout en observant qu’en fonction des spécialités, cette dernière peut varier à la hausse ou à la baisse.

Ainsi, si de prime abord, il semble que la rémunération des avocats et des juristes soit similaire, il n’en est rien. En effet, il ne faut pas oublier les primes, intéressements mais également bonus et différents avantages auxquels le salarié a droit. Tout ceci ne fait que gonfler d’autant votre rémunération au sens large.
Pour autant, comme évoqué précédemment, on peut craindre une faible augmentation de sa rémunération, au sens strict cette fois ci. A contrario dans les cabinets d’avocats, il existe une perspective d’évolution tant de carrière – en passant collaborateur senior et même associé ou counsel – que de rémunération. Il va sans dire que l’augmentation de sa rémunération est accompagnée d’une croissance certaine de sa quantité de travail.

Pour ce qui est des notaires, le sujet des honoraires des professions réglementées n’est pas nouveau comme l’a affirmé Pierre Moscovici lorsqu’il était le Ministre de l’Economie sous le gouvernement Ayrault. Le gouverne- ment travaillerait actuellement sur une refonte des tarifs des professions réglementées, leur système de tarification étant jugé « archaïque ». L’idée serait de limiter leurs revenus pour redonner du pouvoir d’achat aux Français. Si une partie des honoraires est librement convenue entre le notaire et le client – seulement pour les notaires en titre qui ont été assermenté et détiennent une charge – une autre fait l’objet d’un tarif national.

Ainsi, par exemple pour les actes immobiliers (qui représentent plus de 49% de leurs activités), la rémunération des notaires dépend du prix de l’immobilier : plus ils augmentent, plus leurs revenus progressent pour un service rendu identique. Le gouvernement pense donc abandonner cette méthode de calcul proportionnelle pour la remplacer par une grille forfaitaire, qui serait révisée chaque année, en fonction du coût de la vie.

Mais n’allons pas trop vite, ceci n’est pas encore d’actualité. Alors, avant un énième projet de modification des honoraires des professions réglementées, il convient de se demander si les jeunes notaires intégrant une étude bénéficient des mêmes conditions de rémunération que leurs aînés. La réponse est ambigüe. En effet, cela dépend tout d’abord de l’importance de l’étude intégrée ainsi que votre ancienneté.

Ainsi, le décret n°78-262 du 8 mars 1978 qui porte fixation du tarif des notaires a fait l’objet de moultes modifications en 2006, 2007 et 2011. Ce décret fixe les émoluments que reçoivent les notaires d’une manière générale. A ce décret s’ajoute la convention collective nationale du notariat du 8 juin 2001 qui fixe de manière détaillée en son article 15 les critères de classification des salariés des of- fices notariaux. Ainsi, tout comme pour les juristes, il existe une grille de salaires nationale qui détermine de manière générale la rémunération auquel à droit tout novice de la profession.

Pour autant, il ne faut pas s’en arrêter là, puisqu’encore une fois la taille de l’étude que vous ambitionnez de rejoindre ou encore les différents diplômes à votre actif peu- vent modifier de manière considérable, à la hausse ou à la baisse, cette grille.
C’est ainsi qu’un débutant salarié d’une étude gagne en moyenne 1 700 € net par mois. Vous pouvez alors espérer obtenir un salaire d’environ 3 000 € après une poignée d’années de pratique, sachant qu’une fois installé en libéral, un professionnel confirmé affichera un revenu mo- yen de 7 500 € par mois. Une confortable rémunération cependant très sensible à la conjoncture économique, et en particulier au marché immobilier, comme ce fut le cas en 2009.

Audrey LEMAL

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