Le rachat de quick par burger king france : les whoppers contre-attaquent

Photo : DR / MONTAGE METRONEWS

That’s a wrap ! Les Giants de Quick deviendront des Whoppers de Burger King à compter de septembre 2016 à la suite de l’accord positif donné par l’Autorité de la concurrence, le 10 décembre 2015. Certains réajustements juridiques peuvent parfois être la clé aux difficultés économiques éprouvées par les entreprises. Burger King l’a bien compris, et c’est la raison pour laquelle le géant américain de la restauration rapide a décidé de racheter son homologue français, Quick.

L’histoire de Burger King en France

Après une longue absence en France, Burger King a rouvert ses portes en 2013[1].

Burger King avait en effet disparu de la métropole en 1997, « ne parvenant pas à disposer de marges solides ». Pour revenir dans la course, l’enseigne a commencé par implanter ses restaurants sur les aires d’autoroute, pour ensuite ouvrir ses portes à la gare Saint-Lazare à Paris. Les fidèles furent au rendez-vous et la file d’attente n’a pas désemplie plusieurs semaines durant. Néanmoins, pour tenter de talonner le numéro un français de la restauration rapide, McDonald’s, la solution semblait être de racheter le numéro deux : Quick. Cette chaîne de restauration rapide française est détenue à 94 % par CDC Capital Investissement, une filiale de la Caisse des dépôts et Consignation, et à 6 % par ses dirigeants, et réalise plus de 810 millions d’euros de chiffre d’affaires en France. En septembre 2015, le groupe Bertrand, actionnaire majoritaire de Burger King France, dévoilait son intention de de prendre le contrôle de Quick. La Caisse des dépôts a alors donné son autorisation, sous réserve que les instances représentatives du personnel et les autorités de la concurrence donnent leur accord.

Le feu vert de l’Autorité de la concurrence pour le rachat de Quick

Le 10 décembre 2015, l’Autorité de la concurrence a donné son accord à cette prise de contrôle exclusif, car, selon elle, « (…) l’opération n’est pas susceptible de porter atteinte à la concurrence, compte tenu de la présence d’un nombre suffisant de concurrents partout où l’opération entraîne des chevauchements d’activités »[2]. Mais cette autorisation a été accordée sous une réserve, celle de résilier le contrat de franchise concernant le restaurant Quick ajaccien, étant précisé que celui-ci pourra passer sous une bannière concurrente afin d’ « animer la concurrence sur le marché de la restauration rapide à l’anglo-saxonne ». En effet, le marché de corse de la restauration rapide souffrant d’une offre relativement faible, « cette mesure permettra le maintien d’une situation concurrentielle équilibrée en supprimant l’addition de parts de marché engendrée par l’opération  et (…) assurera aux consommateurs ajacciens une offre concurrentielle et diversifiée ».

Finalement, neuf ans après son rachat par CDC Capital Investissement au milliardaire belge, Albert Frère, Quick est passé entre les mains de l’actionnaire majoritaire de Burger King France, le Groupe Bertrand, pour un montant précis qui à l’heure actuelle, reste inconnu (entre 750 et 800 millions d’euros).

En sus d’être motivé par les ambitieuses prétentions de Burger King, le rachat de Quick concorde au regard de l’image dont souffre la marque depuis quelques temps. Selon Cédric Dugardin, ex-PDG de Quick, qui devient président de la nouvelle entité, Quick « a souffert ces dernières années d’un déficit d’image par rapport à ses concurrents, la notoriété de la marque n’était pas au rendez-vous » de telle sorte qu’il convenait de « pouvoir redonner des perspectives en interne et à nos franchisés qui ont investi »[3].

La conversion du réseau Quick en Burger King

Grâce à cette opération, les enseignes Quick seront transformées, à ce jour uniquement en France, à partir de septembre 2016 et jusqu’en 2020 en restaurants Burger King. Cette conversion permettra à Burger King France de détenir 20% du marché du hamburger d’ici dix ans et engloberait 443 restaurants – contre seulement 42 aujourd’hui. En termes de priorités pour la conversion des restaurants, Burger King et Quick ont établis une grille s’appuyant sur différents critères : la date de la dernière rénovation, la croissance attendue sur l’Ebitda (excédent brut d’exploitation), le chiffre d’affaires du concurrent en frontal ou encore la facilité de conversion.

Cependant, que les aficionados de Quick se rassurent, cette conversion ne sera pas absolue. Certains restaurants resteront sous l’enseigne Quick. En effet, sur les 401 restaurants possédés par le numéro deux français de la restauration rapide, une soixantaine n’est pas inclue dans cette opération (outre ceux situés en Belgique, au Luxembourg, dans les DOM-TOM, en Tunisie, en Turquie et au Maroc).

Plus précisément, ne sont pas concernés par cette conversion une vingtaine de restaurants halal de Quick ainsi quarante autres établissement sous la bannière de ce dernier, soit parce qu’ils se trouvent à proximité immédiate des Burger King, soit parce qu’ils « présentent des problèmes techniques »[4]. Le cas de cette soixantaine de restaurants sera abordé après le plan de conversion, c’est-à-dire après 2020. Dans cette attente, ces derniers resteront sous l’enseigne Quick.

Une seconde place pour les Whoppers sur un marché largement dominé par le Big Mac

Quand bien même cette conversion n’est pas totale, la prise de contrôle exclusif de Quick devrait permettre à Burger King France de poursuivre ses objectifs économiques, tels que prévus initialement, et de facto, de tenter de suivre le leader français de la restauration rapide, McDonald’s, en se plaçant en tant que numéro deux du marché du hamburger.

La position de McDonald’s sur le marché français est telle qu’il semble tout de même difficile pour Burger King de prendre la première place. « Avec plus de 1400 restaurants, le leader du marché semble ne pas craindre grand-chose sur le papier »[5], mais poursuit son développement et résiste à l’arrivée du nouveau numéro deux du marché de la restauration rapide, avec l’ouverture de quarante nouveaux restaurants.

Agathe Bourdillon

Pour aller plus loin :

Autorité de la Concurrence → Rubrique Espace Presse → Section Dossiers de presse → Rubrique Communiqués de presse 2015 → Communiqué du 10 décembre 2015 : Restauration rapide.

[1]Toute la Franchise, Burger King rachète Quick : à quoi ressemble le nouveau paysage du burger en France, 11 novembre 2015,

[2]Autorité de la concurrence, Communiqué 10 décembre 2015 : Restauration rapide.

[3]Les Echos.fr, Les restaurants Quick transformés en Burger King mi-2016, 17 décembre 2015

[4]Le Monde.fr, Le rachat de Quick conclu par Burger King finalisé, 17 décembre 2015

[5]Toute la Franchise, Burger King rachète Quick  : à quoi ressemble le nouveau paysage du burger en France, 11 novembre 2015,

 

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