Les 6 conseils d’Eric Morain aux futurs pénalistes

Le mercredi 9 décembre 2015 Eric Morain était présent au sein des locaux du Petit Juriste pour conseiller, transmettre sa connaissance et fournir des anecdotes sur son métier à des étudiants de tout niveau souhaitant suivre ses pas.

Avocat pénaliste français disposant d’une expérience de 20 ans de barreau, il a débuté comme collaborateur, puis s’est associé à Jean-Marc Varaut, idôle de son enfance, pour ensuite devenir associé au sein du réseau Carlara International. Face au nombre effarant de nouveaux avocats qui sortent chaque année à Paris (entre 1600 et 1700), il a souhaité fournir quelques clefs de la réussite pour se démarquer.

1) Etant associé au sein de son cabinet, il dispose d’un rôle important dans la sélection de ses futurs stagiaires et collaborateurs : sur le CV, il ne regarde pas la photo, ni le nom, ni les études. Le premier atout pour Eric Morain est l’expérience.

Il faut faire des stages dès que vous en avez la possibilité, avant même l’école d’avocats. Beaucoup de cabinets ont besoin de stagiaires, il ne faut pas avoir peur des refus voire des absences de réponse, il faut persévérer car un cabinet qui reçoit votre CV n’a peut-être pas besoin de vous aujourd’hui, mais demain une place peut se libérer et votre CV sera alors utile. « N’ayez pas peur d’écrire à ceux que vous admirez », répète Eric Morain, « ce ne sont pas des gens intouchables ». Lorsqu’il était en deuxième année de licence, il admirait lui-même Jean-Marc Varaut après avoir lu son livre « Le Possible et l’interdit ». Il a alors cherché son numéro de téléphone dans l’annuaire et un soir, dans sa petite chambre de bonne, il a osé l’appeler : s’en est suivi ¾ d’heure de discussion qui s’est conclu par une belle collaboration. Il faut donc comprendre que peu importe votre âge, à chaque niveau correspond un poste dans un cabinet d’avocats. N’hésitez pas à utiliser vos vacances pour renforcer votre expérience au sein d’un cabinet d’avocats, d’une juridiction ou d’une association.

De plus, lors d’un entretien pour un stage, montrez votre motivation et n’ayez pas peur du classement de dossiers qui vous sera souvent attribué car cela permet de comprendre le rythme voire la déontologie du métier.

2) Il faut passer des heures au Palais afin de se créer sa propre opinion du système. Il conseille ainsi les bancs de la 23ème du Palais de Justice, siège du spectacle quotidien des comparutions immédiates, ainsi que les 3 salles d’Assises qui permettent d’avoir une affaire à voir pratiquement tous les jours. L’éloquence n’est pas naturelle chez tout le monde, il faut observer pour comprendre les tics des avocats qui font tout leur charme, car il n’existe pas de recueil de plaidoiries à apprendre pour être bon.

3) Pendant vos études, spécialisez-vous dès le moment où vous souhaitez le faire. Le droit pénal est partout : droit pénal de l’environnement, droit pénal fiscal, droit pénal des affaires, etc. Il y a un champ des possibles incroyable et une spécialité montrera votre ouverture d’esprit et votre capacité à vous adapter. Celle-ci sera toujours utile à un cabinet d’avocats pénaliste et, de plus, vous aurez fait ce que vous aimez pendant vos études, ce qui grandira toujours plus votre motivation.

4) Construisez-vous un bagage juridique historique autre que technique. Pour cela, il faut lire (ce qui est toujours bénéfique pour notre chère orthographe). Lire des livres tels que les mémoires d’Hervé Temime, c’est bien, mais lire des livres sur des grands procès, c’est encore mieux ! Cela vous fera entrer dans la grande famille des avocats pénalistes. Il donne alors comme exemples Berryer, brillant avocat de Louis Napoléon Bonaparte et collègue de Jules Ferry, mais aussi Badinter, Vergès, Varaut, etc.

5) Allez voir des concours d’éloquence (voire participez-y !). Les lundis soirs, à la Bibliothèque de l’Ordre des Avocats, se déroule publiquement la Conférence, jugée par les 12 Secrétaires de la Conférence qui disposent du monopole des commissions d’office, ce qui est un magnifique accès à la profession, et qui représentent le jeune Barreau parisien en France et à l’étranger. L’EFB dispose de son propre concours avec la Petite Conférence. Enfin, n’hésitez pas à participer à des concours d’improvisation. Tous ces concours ne peuvent être que bénéfiques pour votre oralité future de pénalistes, mais aussi, à plus court terme, cela peut vous aider pour les oraux de vos partiels.

6) Petit conseil supplémentaire pour les accros des nouvelles technologies : suivez Twitter ! De nombreux avocats, huissiers, OPJ, etc, sont présents sur ce réseau, sous des pseudonymes ou non, ce qui constitue un gain de temps pour les avocats pénalistes comme Eric Morain qui affirme qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un Tweet ne lui soit utile. C’est une manière ludique d’apprendre le droit pour les étudiants qui ne quittent plus leurs smartphones ce qui permet d’être informé en temps réel. PS : Eric Morain aussi est sur Twitter (@EricMorain).

Après ces 6 petits conseils, la règle importante à retenir pour Eric Morain reste tout de même celle-ci : soyez passionnés !

Retrouvez la vidéo de l’intervention d’Eric Morain réalisée par Regard D’Etudiants

 

 

Laura BEN KEMOUN

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