Ils vous racontent leur expérience à l’étranger

Témoignages sur des expériences à l’étranger pour Le Grand Juriste

Domenico Di Pietro : Il est aujourd’hui Avocat spécialiste de l’Arbitrage International à Freshfields Bruckhaus Deringer

I studied law at La Sapienza, in Rome where I was taught to study with a view to going beyond learning rules and regulations and understanding the mechanics behind any system of law. This approach proved helpful when I moved to practise in different legal systems and was involved in cases characterised by the interaction of different legal systems.

I then practiced as a lawyer in Rome where I learned the basics of advocacy and started my academic involvement in international business law and arbitration. I also developed an interest in Sport law, which later allowed me to act in arbitrations at the Athens and Beijing Olympics.

I furthered my studies at Queen Mary, University of London, where I focused on international arbitration, which finally became my main area of practice. After that, I joined an international law firm in London where I also qualified as a solicitor. Practising in a common law system gained me a different perspective and helped me develop my advocacy skills. My publishing efforts included a book on the New York Convention 1958. In London I started practising investment arbitration in the early days of such practice and became a Freeman of the Worshipful Company of Arbitrators, City of London.

After nine years, I went back to Italy where I joined a firm with offices in Asia. It was a professional and cultural opportunity that affected my future. On my return I became lecturer on International Arbitration, taught in English as part of the “Studying Law at Roma Tre” project. I also co-founded ARBIT, the Italian Forum for Arbitration and ADR and was involved in the activities on arbitration of the International Chamber of Commerce.

My academic activity, including the honor of a book with Prof. Emmanuel Gaillard, earned me a fellowship with New York University.

Three years ago I joined the arbitration group of one of the top international law firms. My passion for international law and cultural difference has brought me to Tokyo, where I wrote this piece.

Etienne Le Priol : Etudiant en double diplôme Droit des affaires et LL.M European Legal Studies – Universités de Nantes et de Cardiff. Cofondateur de l’Association FFB

L’apport de mon expérience en LLM à l’étranger 

En terme académique, les méthodes d’enseignements anglo-saxonnes me semblent plus innovantes et plus performantes que ce que j’ai pu voir en France. Notamment parce que l’accent est mis sur les travaux oraux et que la notion de plaisir est partie prenante aux études.

Aussi durant cette année, j’ai eu la chance de travailler avec des personnes formidables, qui venaient souvent de cultures différentes de la mienne, sur des projets qui me tenaient à cœur. En ce sens, cette expérience m’a permis de mieux me connaitre et de mieux cerner mes sources de bonheur.

Il est également utile de préciser que le LL.M est bien apprécié sur le marché du travail et pour l’admission en Master 2.

Mon projet professionnel 

Mon projet à court terme est de gagner en expérience dans l’entrepreneuriat. Je suis notamment en train de travailler sur un projet d’application smartphone, j’ai également été admis au sein du Master 264 Entrepreneuriat et Projets Innovants à Paris Dauphine pour l’année prochaine. Mon objectif à moyen terme est de créer ma propre société dans un domaine qui me plait et de pouvoir en vivre. Un de mes rêves est également de m’établir à Londres, ville dont je suis tombé amoureux pendant mon immersion au Royaume-Uni.

Thibaud Joulie : Echange universitaire, faculté de droit de Konstanz (Allemagne). Master II Juriste fiscaliste, Paris V. Mastère de Droit international des affaires de l’ESSEC Business School. Actuellement stagiaire en fiscalité des entreprises chez FIDAL

Quels stages avez-vous effectué à l’étranger ?

Durant mon année de master, j’ai tenté l’expérience américaine en faisant un stage volontaire de 3 mois dans le département commercial litigation du cabinet Gibbons P.C. à New York City.

Durant ma formation à l’ESSEC, j’ai choisi de retenter l’expérience étrangère en intégrant l’étude luxembourgeoise Arendt&Medernach pour une durée de 4 mois au sein de l’équipe fiscale allemande.

L’apport de mes expériences à l’étranger

L’expérience à l’étranger est avant tout un effort. Il faut, une fois la décision prise, envisager un déménagement, une nouvelle vie dans un lieu inconnu. Quelques fois, notamment pour les Etats-Unis, il faut affronter l’administration et les longs contrôles qu’elle opère. Le premier pas est le plus difficile.

Cependant, c’est bien en surmontant ces difficultés que l’expérience à l’étranger apporte tant.

Au-delà des interprétations idiomatiques de la langue qui peuvent entraver l’intégration, les premiers instants à l’étranger obligent à naviguer à vue et à s’adapter quotidiennement à une nouvelle culture et à de nouvelles méthodes de travail. Cette faculté d’adaptation est pour moi l’apport essentiel d’une expérience à l’étranger. Dans mes deux stages à l’étranger, j’ai pu voir par exemple que le sport tient une place très importante dans la culture d’entreprise aux USA et au Luxembourg. J’ai eu la chance de faire partie de l’équipe de football d’Arendt&Medernach et celle de Softball du cabinet Gibbons P.C.

Mon projet professionnel 

Mon projet professionnel, au-delà du droit fiscal, a toujours été de travailler dans le secteur minier et gazier. J’ai d’ailleurs réalisé un mémoire sur les problématiques fiscales des entreprises pétrolières en Afrique que j’aimerais soit développer par une thèse soit mettre à profit en travaillant pour les entreprises du secteur.

J’aimerais intégrer des entreprises impliquées directement dans la réalisation de projets miniers ou gaziers et participer à leur réalisation concrète, par la structuration de leur financement et la mise en place de solutions juridiques sécurisées. L’idéal serait de pouvoir accompagner les opérationnels sur les lieux de leurs interventions pour à nouveau me confronter à l’étranger.

Charles-Eric Thoor : IEP Grenoble. M2 : Droit Public de l’Economie à Paris I. EFB : Stage final

LGJ : Quel a été votre parcours universitaire et professionnel en quelques mots ?

CET : En quelques sortes, j’ai suivi un parcours académique et professionnel en deux temps.

En sortant du baccalauréat, j’ai intégré l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble. J’y ai suivi une formation relativement ouverte, qui m’a permis de confirmer mon intérêt envers la chose politique et la gestion publique.

La formation IEP est essentiellement orientée vers l’économie politique et le droit public. Dans un premier temps, j’ai avant tout privilégié l’aspect économique de la formation. J’ai suivi une licence d’économie en parallèle à mon cursus IEP, ai effectué plusieurs stages en analyse économique, avant d’intégrer la Mission Économique de France à Bruxelles en tant que chargé de développement. Puis, dans un second temps, je me suis réorienté vers le droit économique, et plus particulièrement le droit public économique. J’ai ainsi intégré le M2 de Droit Public des Affaires de Paris 1, puis l’EFB, et je suis aujourd’hui en stage final EFB au sein du département droit public / financement de projet d’un cabinet affairiste.

LGJ : Quelles sont vos expériences professionnelles à l’étranger ? Que vous ont-elles apporté ?

CET : J’ai effectué quatre expériences à l’étranger. J’ai effectué six mois d’échange universitaire à Varsovie, six mois de stage à la Mission Economique de France à Londres, un volontariat de six mois auprès d’une collectivité territoriale au Bénin, et enfin une année et demi à la Mission Economique de France à Bruxelles.

Ces expériences m’ont beaucoup apporté. Déjà, sur le plan humain, elles m’ont permis de découvrir de nouveaux paysages (sauf en Belgique évidemment…), de m’aérer l’esprit, et de rencontrer pas mal de gens intéressants. Ensuite, sur le plan professionnel, ces expériences m’ont conduit à mieux cerner mes envies, et à envisager mon parcours avec davantage de précisions.

À vrai dire, je pense avoir suivi un parcours inverse à celui de l’étudiant en droit classique, qui effectue d’abord la majeure partie de ses études en France, pour ensuite les terminer à l’étranger via un LLM. Pour ma part, ce sont plutôt mes expériences à l’étranger qui m’ont conduit à revenir en France pour achever mes études de droit.

Au cours de mes passages en Missions Economiques, j’étais notamment en charge du suivi de certains secteurs régulés, en particulier ceux de l’énergie et du ferroviaire. Je travaillais en tant qu’analyste, et réalisais à ce titre des analyses sectorielles que nous adressions aux entreprises et autorités françaises. J’ai alors pu mesurer l’importance du droit dans l’analyse économique, tant et si bien qu’au bout d’un moment, mes analyses relevaient davantage de l’analyse économique du droit que de l’analyse économique à proprement parlé. Cet exercice m’a beaucoup plu, et j’ai progressivement pris goût pour la matière juridique, en particulier pour le droit de la régulation.

En parallèle, il faut aussi mentionner mon expérience africaine, qui m’a également orienté vers le droit. J’étais bénévole auprès d’une mairie béninoise d’une commune de 30 000 habitants. Le Bénin est un pays qui expérimente depuis peu la décentralisation. Dans ce contexte, les collectivités territoriales béninoises sont en pleine période d’effervescence, de nouvelles compétences leur sont attribuées, de nouvelles procédures de financement sont à gérer, des intercommunalités sont créées etc. Muni d’un petit bagage en droit public, j’essayais d’apporter ma contribution. J’ai par exemple participé à la création d’une intercommunalité (rédaction des statuts, négociations sur l’organigramme…), ou à la mise en place des premiers impôts fonciers locaux (vérification du registre cadastral, réflexions sur les taux…). À vrai dire, cette expérience était assez singulière. D’un côté, le climat, l’environnement, les rapports humains étaient à des années lumières de ce que j’avais pu expérimenter jusqu’à lors. De l’autre, les matières sur lesquelles j’évoluais, les termes techniques, et les schémas de pouvoir étaient peu ou prou les même que ceux rencontrés en France. Le droit de nombreux pays d’Afrique francophones est similaire, voire identique sur certains aspects, au droit français

Moi qui hésitais à me trop m’engager dans les études de droit de peur d’être enfermé dans l’hexagone, j’ai alors compris qu’il était possible pour un juriste français de s’exporter sur le continent africain, et qu’il existait un potentiel intéressant pour les avocats publicistes français. D’ailleurs, trois années après, à Paris, en tant qu’élève avocat, je travaille régulièrement pour des personnes publiques d’Afrique francophone.

LGJ : Comment voyez-vous votre avenir professionnel ? A l’étranger ?

CET : Pour le moment, je vais chercher une collaboration en France. Je n’ai pas envie de repartir tout de suite. J’ambitionne avant tout de consolider mes bases en France, pour mieux repartir un jour, et éventuellement exercer sur le continent africain.

Mariele Coulet Diaz

AVANT LE LL.M.

J’ai eu un parcours universitaire relativement original pour une étudiante en droit. Ayant grandi au Guatemala, je suis venue à Paris à l’âge de 17 ans pour poursuivre mes études universitaires. N’étant pas sûre de ce que je voulais étudier, j’ai commencé par intégrer une classe préparatoire alliant un DEUG de droit à des cours d’économie. Les cours de droit m’ayant beaucoup plu, j’ai décidé de poursuivre mes études dans ce sens. C’est ainsi qu’à l’issue de mes deux années de classe préparatoire j’ai intégré le Magistère Juristes d’Affaires de l’Université Paris-II-Assas, une formation en 3 ans. J’ai passé l’examen du CRFPA en Master 1 et j’ai immédiatement intégré l’EFB.

C’est dans le cadre du Magistère que j’ai entendu pour la première fois parler des LL.M.. Nos professeurs nous encourageaient beaucoup à candidater à ces prestigieuses formations de troisième cycle en nous racontant la success story professionnelle des anciens élèves qui avaient décidé et réussi à suivre cette voie. Mais pourtant, l’investissement financier significatif que représentait le LL.M. ainsi que l’idée de faire encore une année d’études me dissuadaient beaucoup. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, j’avais très envie de découvrir la vie professionnelle et je me posais de nombreuses questions sur l’utilité et l’opportunité d’un tel diplôme – d’autant plus que j’avais déjà mon CRFPA en poche et que j’avais validé mes stages obligatoires à l’EFB.

J’ai entrepris une profonde réflexion sur la manière dont j’envisageais ma profession et sur la manière dont je voulais l’exercer. J’ai ainsi compris que je souhaitais exercer la profession d’avocat de la manière la plus internationale possible. Je voulais que cela se retrouve dans le type de structure que j’allais rejoindre, dans mon domaine de spécialité et dans mes perspectives de mobilité futures. Toutes ces considérations m’ont conduite à m’orienter vers le domaine de l’Arbitrage International.

LA RECHERCHE DU LL.M.

Dans ce contexte, j’ai contacté plusieurs professionnels de ce milieu – tant des associés des cabinets auxquels je prétendais comme des jeunes avocats – pour avoir leur avis sur la nécessité (ou pas) de faire un LL.M.. Leur réponse à été quasi unanime. Il n’y a pas de nécessité à proprement parler de faire un LL.M., car rares sont les cabinets – même parmi les plus prestigieux – qui ne recrutent que sur cette base. Néanmoins, le LL.M. peut s’avérer particulièrement pertinent pour certains profils.

En ce qui me concerne, pour exercer dans une discipline internationale comme l’Arbitrage International, il était nécessaire de bien maitriser l’anglais et souhaitable d’être familiarisé avec le système de Common Law. Par ailleurs, le LL.M. était un bon moyen d’approfondir ma connaissance de cette spécialité dans un environnement intellectuel différent et au contact de jeunes professionnels. Il offrait également l’opportunité d’obtenir le barreau de New York, un accessoire non négligeable dans un milieu si concurrencé.

Au fur et à mesure de mes recherches, je me suis convaincu de la pertinence que ce type de diplôme présentait pour moi. J’ai commencé le long processus de candidature et de choix des universités – un aspect ne doit surtout pas être négligé. La bonne information et le bon choix du LL.M. font la différence entre obtenir un diplôme et vivre une expérience humaine exceptionnelle comme j’ai eu la chance d’en vivre à Berkeley.

APRES LE LL.M. MISSIONS ACTUELLES

A l’issue de mon LL.M., je suis rentrée en France pour débuter ma première collaboration. Après une première expérience dans le domaine du corporate, j’ai intégré le département d’Arbitrage International de Dechert où j’exerce actuellement. Chez Dechert, l’activité du département d’Arbitrage International se concentre essentiellement sur le conseil – aux entreprises ou entités gouvernementales – dans des arbitrages internationaux. Certains associés développent toutefois une importante activité en tant qu’arbitres.

Lorsqu’il s’agit de procédures d’arbitrage commercial, les différends impliquent généralement des violations à des contrats (de tout type) que les parties ont décidé de soumettre à l’arbitrage plutôt qu’aux juridictions nationales compétentes. Les procédures d’arbitrage d’investissement se fondent quant à elles sur des traités qui autorisent un investisseur étranger lésé à agir directement contre l’Etat récepteur de son investissement pour tout différend relatif à son investissement. Dans le cadre de ces procédures, nous écrivons de longs mémoires sur des points de faits et de droit, nous préparons les témoins de nos clients et interrogeons ceux de nos adversaires et les associés plaident le dossier lors de longues (et impressionnantes !) audiences.

Il est difficile d’apprécier à quel point l’obtention du LL.M. a influencé (ou pas) mon parcours professionnel. Il est aussi sans doute un peu tôt … Néanmoins, il est certain que cette expérience m’a marqué profondément d’un point de vue personnel et humain. Trois ans après mon LL.M., je repense avec beaucoup de nostalgie à cette année qui m’a construite sur de nombreux aspects. Outre de belles amitiés, je garde un très bon contact avec ma promotion, mes professeurs et avec l’administration de Berkeley. On organise des réunions au moins une fois par an, et trouvons toujours des occasions ou des excuses pour se retrouver. Chaque rencontre est, l’espace de quelques instants, un voyage dans le temps…

 

 

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