Interview de Marc Abenhaim, avocat à Bruxelles

 

Formation :

  • Maîtrise en droit
  • Master en Droit des communautés européennes – Université de Strasbourg.
  • Master en DJCE
  • LLM au Collège d’Europe – Droit de la concurrence

Carrière :

  • 4 ans et demi: Cabinet « Van Bael & Bellis » (droit de la concurrence et Trade Law).
  • Cabinet « Willkie Farr & Gallagher LLP » à Bruxelles.
  • 2 ans dans le monde académique : inscription en thèse ; recherche, écriture d’articles, enseignement à Nanterre, à Strasbourg et à Bruges.
  • Actuel: Avocat au Cabinet Sidley & Austin LLP.

Le Petit Juriste : Y a-t-il des particularités du métier d’avocat à Bruxelles ?

Marc Abenhaim : Selon moi, il y aurait deux particularités par rapport au métier d’avocat français.

D’une part, il faut être plurilingue. En Europe, un étudiant devient attractif à partir de la connaissance de trois langues minimum. S’il en connaît d’autres, il sera encore plus valorisé. D’autre part, il faut avoir une certaine ouverture d’esprit puisque c’est un environnement où plusieurs nationalités travaillent ensembles. Il est nécessaire de s’adapter aux autres et à leurs traits de caractères qui peuvent être différent des nôtres, français.

LPJ : Quelles sont vos missions quotidiennes au sein du cabinet en concurrence ?

MA : Aujourd’hui, je suis spécialisé en droit de la concurrence, mais je touche aussi à d’autres domaines du droit. Au sein du cabinet, je consacre la moitié de mon temps sur des questions de concurrence telles que le contrôle des concentrations, les aides d’états, les ententes ou encore abus de position dominante. Des clients viennent nous consulter avec leurs contrats et ils nous demandent des conseils sur les clauses qu’ils veulent insérer ou pas.  Mon travail est principalement un travail de conseil. L’autre moitié de mon temps est consacrée au contentieux devant les juridictions de l’Union européenne, en droit de la concurrence mais aussi dans d’autres domaines (environnement, accès aux documents, marché intérieur, etc.). Il n’y a pas que des questions en droit de la concurrence.

LPJ : Etes-vous en relation avec les institutions européennes telle que la Commission ?

MA : Cela dépend des dossiers et des pratiques. Dans mon domaine, les interlocuteurs principaux sont la Commission d’une part, et la Cour de justice et le Tribunal d’autre part.

LPJ : Quels sont les bons masters en droit européen aujourd’hui en Europe ?

MA : Aujourd’hui, il existe des masters extrêmement bons en droit européen. Ce n’était pas le cas il y a une dizaine d’années. Même si le Collège d’Europe reste dans le haut de l’affiche, il y en a d’autres comme à la London School of Economics, à King’s College, à Maastricht, à Louvain en Belgique et à Leiden aux Pays-Bas. Mais, dans des pays latins aussi comme en Italie l’Université de Bocconi ou l’Institut Universitaire Européen de Florence ont aussi de bons LLM en droit européen. Concernant les masters en France, ils sont aussi très bons, notamment celui de Strasbourg qui a été un des premiers masters français en droit européen suivi des masters parisiens. En droit de la concurrence, j’aimerais préciser qu’il peut être judicieux d’envisager les Etats-Unis puisqu’il sera l’équivalent – et même mieux, qu’un LLM en Europe par l’enseignement très prestigieux et complet en droit de la concurrence. Certains cabinets préfèrent des LLM américains ou demandent en plus un LLM en droit de la concurrence. Les meilleurs LLM dans ce domaine sont vraisemblablement à Harvard, Chicago, Duke, New York et Berkeley.

LPJ : Pouvez-vous décrire la formation de LLM donnée par le Collège d’Europe aux étudiants internationaux ? En quoi est-ce une des meilleures formations en droit européen aujourd’hui ?

MA : Il faut savoir tout d’abord que le Collège d’Europe a une vocation « postuniversitaire ». Cela signifie qu’il s’adresse à des étudiants ayant déjà un Master 1 en poche puisque il est considéré comme étant la voie directe vers les institutions (Parlement, Commission, Conseil et Cour) ou les cabinets d’avocats. Aujourd’hui, les étudiants qui passent par le Collège en sortent notamment pour faire de la concurrence. Mais, il s’ouvre peu à peu à d’autres formes de spécialisation en droit européen.

LPJ : Que conseillez-vous aux étudiants de faire avant de s’installer en territoire européen ?

MA : Participer au programme ERASMUS peut être un déclencheur et est vivement conseillé puisque ce projet peut éveiller la curiosité des étudiants. Ensuite, il faut bien sûr savoir travailler de manière intense puisque le travail en Europe est très prenant.  Je pense aussi qu’il faut vraiment effectuer un travail de recherche avant de partir en LLM pour faire le meilleur choix possible. Si un étudiant a la possibilité d’apprendre une nouvelle langue pendant son LLM, il ne faut pas qu’il hésite. La maîtrise de langues étrangères occupe une place importante.  Puis, les stages d’étés sont fortement recommandés et ils peuvent s’effectuer dès un Master 1 à Bruxelles, Londres ou en Allemagne. Certains cabinets – y compris à Bruxelles – mettent en place des « Summer Internships ».  Cependant, le choix du cabinet doit être réfléchi. Le site Legal500 permet d’avoir un aperçu des meilleurs cabinets d’avocats dans divers domaines du droit. Mais ces types de site ne disent rien sur certaines questions importantes comme le niveau de responsabilité ou d’intégration des stagiaires, leur visibilité auprès des associés etc. Pour un premier stage ou une première expérience professionnelle, ces questions sont au moins aussi importantes que la renommée ou le classement du cabinet.  Il faut bien entendu avoir des candidatures soignées. Concernant les lettres de motivation, il faut les personnaliser et montrer que l’on s’est renseigné sur le cabinet pour lequel on postule. Je conseille que les lettres de motivation ne fassent pas plus d’une page et qu’elles soient en rapport avec l’activité du cabinet pour qu’elles soient lues.

 

Propos recueillis par Ines Rodriguez

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