MÉTHODOLOGIE : Focus sur la dissertation juridique

           Objectif de la dissertation

La dissertation juridique est une démonstration argumentée. La dissertation juridique ne doit pas consister en une simple récitation du cours ou d’une partie de celui-ci. Elle nécessite une véritable réflexion personnelle sur le sujet.

           Travail préparatoire

Le travail préparatoire de la dissertation juridique est primordial.

La première étape de cette préparation est la lecture attentive du sujet. Cette lecture doit permettre d’identifier chacun des termes du sujet, les notions clés mais également les petits mots (conjonctions et articles). Après étude de ces termes, il convient de commencer à interroger le sujet : pourquoi cette formulation et pas une autre ? Que sous-entend le sujet ? Cette phase d’interrogation du sujet aboutit à une première délimitation du sujetCette étape, cruciale, permet d’éviter une autre erreur classique de la dissertation : le hors-sujet. Il s’agit ici de cerner les limites du sujet, ce qui se trouve dans le sujet et ce qui en est un peu plus éloigné.

Vient ensuite l’étape de mobilisation des connaissances. Au brouillon, il convient de noter l’ensemble des idées relatives au sujet, proches ou plus éloignées.

Il faut enfin commencer à classer, à regrouper les différentes idées par grand thème afin de préparer l’étape suivante, la construction du plan de la dissertation. 

           La construction de la problématique et du plan

Le plan d’une dissertation juridique a toujours pour objectif de répondre à la problématique élaborée à partir du sujet. L’étape de formulation de la problématique est une des plus importantes de la méthode de la dissertation juridique. 

Elaborer un plan n’a de sens que si la problématique a été identifiée : parce qu’il répond à la question, il ne peut être préalable à celle-ci. Le plan de la dissertation juridique se présente traditionnellement en deux parties, deux sous-parties (I. A. B. II. A. B.)

On distingue classiquement les plans d’idées et les plans-types. Les plans d’idées sont ceux qui se déduisent du sujet et de la problématique trouvée: ils s’appuient sur une très bonne compréhension du sujet et des notions mises en jeu. Ces plans se construisent naturellement lorsque le travail de délimitation du sujet et de formulation de la problématique a été mené efficacement.

Les plans-types sont issus des grandes distinctions juridiques (Texte/Pratique, Principe/Exception, Points communs/Différences) mais il n’est pas conseillé lors du passage de l’examen du CRFPA de recourir à ces plans « bateaux ».

Quelques remarques sur les intitulés du plan :

  • Les titres doivent refléter le contenu de la partie ou de la sous-partie.
  • Ils doivent être soignés et qualifiés (emploi d’adjectifs et d’adverbes).
  • Ils ne doivent pas contenir de verbes conjugués.
  • Il faut essayer de reprendre au maximum les termes du sujet dans les intitulés : c’est le signe que vous traitez bien le sujet et que vous évitez le hors-sujet.
    L’introduction

C’est la première impression donnée au correcteur, il est donc recommandé de ne pas la négliger. En droit, l’introduction doit occuper une bonne partie du devoir (entre 1/4 et 1/3).

L’introduction débute par une accroche : il s’agit d’une ou de deux phrases, percutantes, en lien avec le sujet. Il peut notamment s’agir d’une citation ou d’une idée forte.

Vient ensuite la définition des termes du sujet. Celle-ci oriente le traitement du sujet. La définition permet de montrer au correcteur l’étendue du sujet. Traditionnellement, on explique que l’introduction de la dissertation est construite en forme d’entonnoir, d’une acception large du sujet vers une acception plus restrictive, qui va être effectivement traitée dans les développements du devoir. Dès lors, les définitions doivent être les plus larges possibles, puisqu’elles constituent la « partie haute » de cet entonnoir.

Après ces définitions, on retrouve les éléments mis de côté lors de la phase de mobilisation et de classement des connaissances. Le point commun de ces éléments est qu’ils sont à la limite du sujet : s’ils ne trouvent pas leur place dans les développements ultérieurs (parce qu’ils ne permettent pas réellement de répondre à la problématique), ils doivent être mentionnés en introduction car ils sont liés au sujet.

Le « goulot » de l’entonnoir est constitué par l’énoncé de la problématique. Elle ne doit pas être déconnectée des éléments précédents : au contraire, ceux-ci doivent y conduire naturellement.

Enfin, vient l’annonce du plan. Il s’agit ici de n’annoncer que les parties (I. et II.) et non les sous-parties (A. et B.). Cette annonce est meilleure lorsqu’elle est faite sous forme d’une longue phrase plutôt que de manière artificielle. Il faut ainsi éviter les intitulés du type « Nous verrons dans une première partie (…) puis nous aborderons dans une seconde partie (…) » et construire une phrase où les deux intitulés des parties du plan se répondent.

           La rédaction

Traditionnellement, la dissertation juridique ne doit pas comprendre de conclusion. Celle-ci est superflue car toutes les idées sur le sujet doivent avoir été abordées dans les développements.

Enfin, il est important de porter un soin particulier à l’orthographe, la grammaire, le vocabulaire et le style (éviter à tout prix les tournures de phrases familières !). Il faut essayer, dans la mesure du possible, de consacrer les 5 dernières minutes de l’examen à se relire pour éviter ces fautes d’inattention.

Nicolas Rousseau,
diplômé de Sciences Po et de l’Université Paris Panthéon-Assas,
ancien chargé d’enseignement en droit public à l’Université de Cergy-Pontoise

Fiche méthode à retrouver dans le Guide de préparation au CRFPA 2017 !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.