Monter son cabinet d’avocat à moins de 30ans, c’est possible ! – Témoignage

À moins de trente ans, Cherif Ramoul s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale, et gère aujourd’hui son propre cabinet. Retour d’expérience.

Etre avocat, c’est être indépendant. C’est pourquoi j’ai toujours voulu monter mon cabinet, car je ne pouvais pas concevoir exercer le métier d’avocat sans être réellement indépendant. Mais je savais que pour y arriver, le chemin serait long et qu’il me fallait comprendre l’environnement qui entourait la profession.

Une installation mûrement réfléchie

À la fin de mon Master 2 en droit du travail, j’ai exercé au sein de plusieurs directions des ressources humaines de groupes internationaux. L’objectif ?  Acquérir une connaissance approfondie de l’entreprise tant dans les relations individuelles que collectives en droit du travail. Ces expériences m’ont permis d’acquérir une base juridique solide en droit du travail, matière dans laquelle je voulais me spécialiser plus tard comme avocat.

Après quelques années passées en entreprise, j’ai intégré la Haute école des avocats conseils (Hedac) de Versailles. Au cours de ma scolarité à l’Hedac, je n’ai eu de cesse de me renseigner auprès des intervenants et de me documenter sur la faisabilité de mon projet d’installation. En ma qualité de délégué des élèves au Conseil d’administration de l’Hedac, je m’impliquais auprès de mes camarades afin de défendre leurs droits et intérêts. Cette expérience m’a notamment permis de créer des liens avec ceux qui sont désormais mes confrères. Cela m’a aussi permis de mieux comprendre certaines problématiques rencontrées dans la profession (difficulté à se faire payer les honoraires, interdiction du démarchage, pression injustifiée subie et/ou impossibilité de développer sa clientèle dans certaines collaborations etc.) Après ma scolarité, j’ai exercé comme collaborateur libéral  au sein de cabinets spécialisés en droit du travail. J’ai eu l’opportunité de développer une clientèle composée d’entreprises, particuliers et comités d’entreprise.

Ces diverses expériences m’ont permis de me lancer et en 2014, j’ai donc décidé d’ouvrir mon cabinet avec une activité centrée en droit du travail.

 

Ouvrir un cabinet ça se prépare

Tout d’abord, pour pouvoir m’installer, il m’a fallu trouver des locaux professionnels. Sur Paris, en fonction des quartiers souhaités, le montant des loyers des bureaux se situe dans une fourchette comprise entre 1 000 et 2 000 euros par mois. Ainsi, si l’on souhaite avoir son propre bureau, il faut s’assurer d’avoir à tout le moins un fonds de roulement et un début de clientèle afin de payer son loyer.

À titre personnel, je ne recommande pas les centres d’affaires situés au cœur de Paris qui sont gérés par des sociétés privées. Si la localisation peut sembler intéressante, la gestion du centre par une société privée n’étant pas soumise à la déontologie des avocats, ce type de solutions impersonnelles inspire peu confiance aux clients qui ont justement besoin d’être rassurés. Après avoir trouvé des locaux professionnels, je me suis dirigé vers les formations de grande qualité du barreau entrepreneurial de l’ordre des avocats de Paris. L’équipe m’a apporté le soutien nécessaire à la création de mon cabinet en me permettant de le monter comme un véritable projet entrepreneurial.  J’ai pu assister à des excellentes formations dispensées par des conseils en stratégie et marketing, experts comptables, DRH, coach… Lors de ces formations, j’ai eu la chance de partager diverses expériences et compétences avec des confrères. J’ai pu ensuite affirmer mes choix stratégiques pour la création de mon cabinet.

Mon plan d’action était clair : établir le business plan, choisir une matière d’expertise, communiquer sur mon activité et continuer à travailler sérieusement mes dossiers.

  1. La rédaction du business plan

Il est nécessaire de rédiger un business plan afin de planifier son activité et d’évaluer son projet dans un ensemble. Le mien m’a servi de fil rouge lors de la création de mon cabinet et a empêché que je me disperse. Concrètement, il m’a permis d’analyser le « marché » (même si je n’aime pas ce terme) de la profession, de définir mon positionnement et mes avantages concurrentiels. Grâce à mon business plan, je savais combien me coûterait ma première année d’installation et les recettes qui me seraient nécessaires afin que mes comptes soient à l’équilibre. De façon générale, il me semble raisonnable de prévoir environ trois mois avant de rentrer dans ses frais.

  1. Choisir une seule matière de spécialité

Penser que l’on peut prendre tous les dossiers, dans toutes les matières, est difficile au vu de la complexité de la législation et des jurisprudences applicables. Je recommande plutôt de choisir une, voire deux, spécialités et de concentrer son activité exclusivement dans ces matières. En choisissant une seule spécialité, vous serez facilement identifiable par vos clients et confrères lorsqu’ils auront besoin d’un avocat spécialiste en le secteur qui est le vôtre. Sinon vous n’apparaîtrez en définitive spécialiste dans aucune matière. Vous serez considéré comme un compétiteur auprès des confrères, ce qui pourrait rendre difficile la construction de votre réseau. J’ai donc personnellement choisi de consacrer mon activité en droit du travail.

  1. Communiquer sur son activité

Depuis octobre 2014, un décret autorise les avocats à proposer leurs services de manière personnalisée à leurs futurs clients. Désormais, nous pouvons aussi avoir recours à la publicité par voie de tracts, affiches, films, radio ou télévision. Ce décret a constitué une révolution dans le mode de communication des avocats ! Dès sa publication, j’ai voulu tirer profit de cette nouvelle règlementation. J’ai donc fait appel à une agence de production pour réaliser des séries de vidéos sur Youtube traitant du droit du travail et une publicité d’avocat en motion design.

C’est indéniable : la publicité a permis le développement de mon activité. J’encourage tous les confrères à s’habituer à ce bouleversement dont nous n’avons pas forcément encore l’habitude.

Pour communiquer sur mon activité, j’ai également décidé d’intervenir dans l’animation de matinales juridiques en droit du travail. Je me suis pour cela rapproché de sociétés de formation et syndicats professionnels pour le compte desquels j’animais ces formations. Cette activité m’a permis d’entrer en contact avec de nouveaux clients.

  1. Travailler sérieusement ses dossiers

Tous les conseils précédents n’ont aucun sens si les dossiers ne sont pas travaillés sérieusement. Un client qui vient voir un avocat fait bien plus que lui remettre un dossier. C’est une part de sa vie qu’il confie à l’avocat. Ainsi, il s’attend à un travail de qualité, sérieux et à jour des dernières législations et jurisprudences applicables.

Pour l’avocat, cela demande un investissement conséquent qui empiète parfois sur son temps personnel. Annuler des diners ou des week-ends est chose courante. L’investissement en vaut la peine, c’est tellement gratifiant de travailler pour un client qui nous fait confiance. Plus on travaille sérieusement, plus on soigne sa réputation et le bouche à oreille contribue au développement du cabinet. Pour conclure, la profession mérite d’être vécue comme chacun l’entend. Il n’y a pas un mode d’exercice meilleur qu’un autre. Ce faisant, si on a la volonté de monter son propre cabinet, que l’on est sérieux et travailleur, il y a de fortes chances que le projet aboutisse positivement !

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