EFB : décrocher le CAPA sur fond de crise sanitaire

La crise sanitaire liée au Covid-19 a suscité de multiples inquiétudes pour les élèves-avocats de l’EFB. Certains d’entre eux ont vu leur stage final suspendu. L’école, en tenant compte des situations de chacun, a finalement autorisé la totalité des élèves-avocats à se présenter à l’examen d’obtention du CAPA.

« Le meilleur d’entre nous n’est pas à la hauteur du métier ». C’est par cette maxime de l’immense Jean-Louis Pelletier que le non moins immense Hervé Temime concluait ses meilleurs souvenirs de jeune avocat. Si l’exercice de la profession d’avocat est difficile, l’obtention du CAPA et l’entrée sur le marché de l’emploi s’annoncent cette année particulièrement éprouvantes. Pour cause, la pandémie de Covid-19 n’a pas épargné les quelques deux-milles élèves-avocats de l’École de Formation du Barreau de Paris. Les inquiétudes à l’approche de la fin du cursus sont multiples.

Le CNB envisage de fusionner l’oral de déontologie avec les oraux dédiés aux rapports de stages

Ce n’est pas tant la difficulté de l’examen que la manière dont l’école adaptera les modalités d’obtention du CAPA qui effraie. Tout d’abord, le Conseil national des barreaux envisage de fusionner l’oral de déontologie avec les oraux dédiés aux rapports de stages ; le risque est de créer une épreuve au coefficient si important qu’elle en deviendrait éliminatoire. Ensuite, les élèves-avocats attendent toujours plus de précisions du ministère de la Justice quant à l’organisation des épreuves censées se dérouler au mois de juillet. Si celles-ci devront a priori se tenir à distance, rien n’est pour lors officiel. Les épreuves orales de septembre sont, quant à elles, pour l’instant maintenues.

Sur les 1846 élèves-avocats de la promo, 141 ont vu leur stage suspendu ou interrompu

Par ailleurs, il ne suffit pas de réussir les examens finaux pour obtenir le CAPA mais il faut également valider un stage de six mois en cabinet d’avocat. Le confinement a causé une baisse d’activité drastique pour les cabinets, qui ont parfois dû se séparer de leurs stagiaires. Sur les 1846 élèves-avocats de la promotion actuelle, 141 ont ainsi vu leur stage suspendu ou interrompu. En plus d’entraîner d’évidentes conséquences financières pour ces élèves, la suspension des stages a suscité chez eux la crainte légitime de se voir refuser l’accès à la profession cette année. Certains d’entre eux ont eu le sentiment de ne pas être soutenus dans cette crise. En définitive, l’école a tenu compte des difficultés rencontrées par les élèves et a entrepris d’agir dans leur intérêt. Ainsi, tous les élèves-avocats ont été admis à se présenter aux épreuves, y compris ceux ayant vu leur stage suspendu. L’école a également permis à ceux-là de prolonger leur stage durant l’été.

De l’arrêt quasi-total du fonctionnement des tribunaux à la crise économique auxquels font face les cabinets d’avocats, la crise sanitaire a bouleversé le fonctionnement de la justice.  L’entrée des futurs avocats dans la profession risque elle aussi d’être bousculée. Certains jeunes avocats ont par exemple dû prêter serment à distance, par écrit. La crise économique emporte une autre conséquence : la difficulté de trouver une première collaboration. Sur ce point, revenant à une ancienne pratique, l’EFB a accepté de conventionner un deuxième stage destiné à couvrir les prochains mois. De plus, certains élèves de l’EFB ont entrepris de faciliter la mise en relation de leurs camarades ayant perdu leur stage avec des avocats susceptibles de les embaucher. On peut espérer que de telles initiatives se multiplient à l’avenir, et que la crise ait pour effet de renforcer la confraternité qui unit d’ores-et-déjà la future génération d’avocats.

Anthony Reisberg, élève-avocat à l’EFB

 

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