Fin d’année universitaire : des partiels pas comme les autres

Le déroulement des partiels de fin d’année a été bousculé dans le contexte de la crise sanitaire. Ils ont tous eu lieu à distance. Des étudiants en droit nous expliquent dans quelles conditions ils ont ainsi passé leurs examens de fin d’année.

Arnaud Stevens en M2 Ingénierie patrimoniale à l’université de Tours

« J’ai eu un oral par téléphone »

« J’ai passé la plupart de mes examens du second semestre, en ligne, du 6 au 10 avril. Il fallait rendre nos copies de partiels avec une contrainte de temps donnée. J’ai également eu un oral par téléphone. Les enseignants et l’administration étaient très prévenants. Ainsi, le jour J, j’avais peu d’appréhension quant aux éventuels problèmes techniques qui auraient pu survenir pour l’envoi des copies. Par ailleurs, j’ai l’habitude de travailler chez moi plutôt qu’à la bibliothèque universitaire. Cela ne m’a donc pas posé de problème. »

Audrey Mounier, en M1 Administration et liquidation des entreprises en difficulté de l’université d’Aix-en-Provence

« C’était tellement rapide qu’il n’était pas possible d’utiliser nos supports de cours »

« Mes examens se sont passés à distance sur la plateforme de l’université. En fonction des matières, il s’agissait d’un QCM (pour les matières mineures) avec un temps limité : vingt questions en vingt minutes. Nous avions une journée pour le compléter. Pour d’autres matières, il s’agissait de compositions (cas pratiques, commentaires) à rendre également dans un temps limité en 1h30, 3h. C’était tellement rapide qu’il n’était pas possible d’utiliser nos supports de cours. Je pense que cela était pensé pour nous dissuader de tricher. Le sujet était mis en ligne à une heure précise et ensuite nous devions le renvoyer à l’adresse mail de notre professeur. J’ai trouvé mon université organisée et les corrections ont été données rapidement ainsi que les notes pour nous éviter un stress supplémentaire. D’ailleurs, tous les sujets étaient conformes à nos révisions et au programme dont celui suivi pendant le confinement. »

Nolwen Gourghechon en M2 droit de la propriété intellectuelle à l’université de Grenoble

« Ces partiels à distance ont été une expérience inédite pour nous tous »

« J’ai eu un petit temps d’adaptation au départ car composer à la maison est assez particulier… J’avais l’impression de ne pas être réellement en condition de partiels. Mais une fois le sujet envoyé et quelques minutes écoulées, on se met vite dedans et tout roule. Nous avions sept examens pour le second semestre : initialement deux oraux et cinq écrits, qui se sont tous transformés en écrits. La durée de chacune des épreuves a été rallongée d’une heure si des problèmes informatiques ou d’Internet survenaient. Ces partiels à distance ont été une expérience inédite pour nous tous, avantageuse pour certains et désavantageuse pour d’autres. Pour ma part, ce ne sont pas les partiels qui m’ont le plus posé de problème, mais plutôt les révisions car je n’ai pas fait les choses « à fond » comme les autres années me disant que de toute manière, en cas de doute, j’aurai accès à mes cours pour pouvoir vérifier. »

Julie en M1 droit des affaires à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Un incessant combat entre les élus et la présidence »

« Je pourrais écrire des lignes et des lignes sur les partiels du second semestre. Mais à vrai dire, un seul mot suffirait à résumer la situation : l’incertitude. Une incertitude en raison du contexte particulier qui a nécessité de chambouler le contrôle des connaissances mais aussi, une incertitude en raison de l’incessant combat entre les élus et la présidence. Certes, la semaine prochaine*, mes premières épreuves vont débuter, mais une fois de plus, nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau rebondissement. »

Marc Lebarbier, en M1 droit des affaires à l’université de Rennes 1

« Certaines matières n’ont pas été sanctionnées par un partiel »

« Si certaines facultés ont opté pour un contrôle continu intégral, l’université de Rennes 1 a privilégié des examens aménagés. Ainsi, certaines matières n’ont pas été sanctionnées par un partiel. Les épreuves maintenues se sont déroulées sous la forme de QCM ou d’écrits ordinaires, à partir de la plateforme moodle. De rares enseignants ont pris la décision de maintenir les oraux. Le confinement a eu des effets à géométrie variable en fonction des étudiants. D’aucuns y ont vu l’opportunité de rattraper le retard accumulé à l’occasion du début du semestre. D’autres ont éprouvé des difficultés à réviser, d’autant que les dates d’examens nous ont été communiquées tardivement. In fine, la réussite du second semestre dépend, en grande partie, de la capacité d’adaptation de chacun. Il n’est naturellement pas à souhaiter que cette expérience se renouvelle mais elle a eu le mérite de constituer un bon exercice. »

Arthur Réau, en L3 droit privé à l’université Clermont Auvergne

« J’ai apprécié que le temps dévolu soit de vingt-quatre heures »

« J’ai eu deux examens dans les matières où je n’avais pas de TD : en droit des sûretés et en droit spécial des sociétés. Il s’agissait d’une question de réflexion englobant divers chapitres du cours. L’enjeu était de répondre de manière concise, en deux pages. Le temps imparti était de vingt-quatre heures. Pour les matières soumises aux TD, en droit du travail et droit des biens, les notes du contrôle continu s’appliqueront. Ces conditions d’examen ont donc laissé des matières sans notation : le droit des contrats spéciaux, la procédure civile et pénale. Les conditions imposées par l’université ont été satisfaisantes dans la mesure où elles ont permis de traiter des sujets englobants, nécessitant donc un réel travail de réflexion assorti d’un travail de recherche sur Internet via Dalloz notamment. Par ailleurs, j’ai apprécié que le temps dévolu soit de vingt-quatre heures. En effet, en habitant dans une commune de l’Allier, je rencontre régulièrement des problèmes pour avoir accès à Internet. Or, avec de telles conditions, mes chances étaient les mêmes que celles d’un résidant clermontois, par exemple. »

Pauline Znaor, en L3 droit et histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Les chances d’obtention d’un M2 pour les étudiants en M1 sont vraiment maigres »

« L’université n’a pas su prendre de décision rapide permettant de concilier les étudiants, les enseignants, la direction et les différents UFR. Ce n’est que récemment que ces derniers ont décidé de la suite de notre année, après un passage devant le juge des référés. Pour ma part, j’ai rendu des devoirs maisons dans les matières d’histoire. Pour mes partiels de droit, le choix a été laissé aux enseignants, et, par chance, je ne passe aucun examen et mon semestre sera validé en contrôle continu. C’est un réel soulagement. Cette crise a un réel impact sur la poursuite de nos études, notamment pour nos candidatures en master, sans relevé de notes, le premier semestre ayant été ralenti par la grève des transports ! Nous avons obtenu pour notre rentrée 2020-2021, en master 1 de droit, un report de la sélection vers la deuxième année. C’est aussi un soulagement, dans la mesure où nous ne disposons pas des documents nécessaires à nos candidatures. Cependant, les chances d’obtention d’un M2 sont vraiment maigres pour les étudiants actuellement en M1 de droit. »

Propos recueillis par Séverine Tavennec

*Interviews réalisées dans la semaine du 1er juin 2020

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