Les candidats #3 : Sicard-Attias

Pourquoi avoir formé ce binôme avec Dominique Attias ? En quoi apporte-t-il quelque chose de différent par rapport aux autres candidatures ?

Frédéric Sicard: Avec Dominique, nous avons une colonne vertébrale commune. Nous nous sommes découverts au Conseil de l’Ordre et nous y avons siégé ensemble pendant deux ans, puis trois au Conseil National. Nous avons donc eu le temps d’apprendre à nous connaitre, à nous savoir complémentaires et à nous savoir partager les mêmes passions. Parmi les autres candidats au bâtonnat, nous sommes les seuls à avoir déjà travaillé ensemble, ce qui rend le travail possible. Nous aimons le mandat ordinal non pas pour le pouvoir qu’il confère mais pour l’action. Nous avons choisi le slogan « Libres pour servir » afin d’exprimer l’idée que nous sommes des candidats indépendants. Nous voulons que les avocats aient de la liberté de travailler en se rappelant que notre serment fait que nous sommes à la disposition de ce que nous appelons « nos clients » mais en préférant la formule des canadiens « ceux que nous avons mission de servir ».  

Quels sont les trois points de votre programme que vous voudriez que l’on retienne ?

 

FS: Nous souhaitons plus de démocratie, plus d’économies et plus d’humanité au sein de l’Ordre du Barreau.

Plus de démocratie: Actuellement, le Conseil de l’Ordre ne siège que deux fois par mois. Pour moi, il doit siéger toutes les semaines. Il est parfaitement possible d’écrire les ordres du jour quinze jours à l’avance. Cela permettra aux avocats de savoir quels sont les sujets traités et, s’ils ont un point de vu à donner, rien de les empêchera d’écrire au rapporteur. Cela permettra au Conseil de l’Ordre d’avoir des rapports écrits, complets, avec des études d’impacts, déposés au préalable. Les débats seront retransmis sur un intranet réservés aux avocats et élèves avocats. Cela leur permettra de suivre le raisonnement des élus et de comprendre leurs arguments.

Plus d’économies: J’ai identifié 2,5 millions d’euros d’économie, pérennes et stucturelles, qui permettront une baisse de 10% des cotisations. Actuellement, le train de vie du bâtonnier n’est plus en harmonie avec le train de vie des pouvoirs publics qui sont nos principaux interlocuteurs. Les budgets publics ont baissé et ils ne permettent plus de mener un train de vie somptuaire. Il faudrait également maîtriser davantage le budget de communication qui a été dépassé d’ 1,4 million cette année. Sans le réduire, il faudrait s’en tenir au budget initialement décidé. Je pense également qu’un travail de recouvrement des cotisations permettrait de récupérer 500 000 € ce qui n’est pas négligeable.

Plus dhumanité: Cela se traduit par plus d’accueil : un accueil unique digital, et un accueil unique humain, deux faces d’un même projet. Ce sentiment d’être accueilli par son Ordre compte autant que la réponse de fond. Et nous voulons que les réponses que nous apportons soient concrètes sur les problématiques des avocats.

Et si, je peux me permettre, un quatrième, essentiel. Pour mieux la détecter et l’accompagner, nous inspirerons l’innovation: faire du futur une force, anticiper pour ne pas subir : nous ferons entrer l’incubateur dans sa phase II  en facilitant un financement plus large des start-up du

 

Avez-vous un projet pour l’EFB ?

FS: J’ai plusieurs projets pour l’EFB: Le premier concerne la restitution des cours par écrit. Cela fait vingt ans que nous attendons qu’il y ait des cours écrits et des objectifs pédagogiques stables. Il y a, à l’école, des étudiants issus de Master 2 mais aussi des chargés d’enseignement, des docteurs en droit, des doctorants qui sont parfaitement capables de prendre les cours en notes, de les formaliser sous le contrôle des enseignants et de les restituer par écrit. C’est indispensable.

Par ailleurs, je souhaite que nous complétions les partenariats de l’EFB avec l’Europe. Il n’est pas normal que l’école n’ait qu’un partenariat avec Queen Mary University Of London. En complément de ces partenariats, je souhaite qu’il y ait plus d’échanges entre le Barreau de Paris et les autres Barreaux d’Europe.

Enfin, je souhaite que le conseil d’administration de l’EFB soit plus actif, plus régulier et pour tout vous dire, que les élèves soient amenés à se prononcer, avec l’aide de leurs camarades qui viennent de partir de l’école sur ce qu’est le « statut » de l’élève avocat. Quelle est la limite de la déontologie de l’élève avocat ? Quelle sont ses obligations mais aussi ses droits ? Je souhaite qu’il y ait au sein de l’EFB un vrai débat.

 

Avez-vous un projet pour la formation des avocats en général ?

FS: Cela fait six ans que la réforme est prévue et cela fait six ans qu’elle n’est pas mise en œuvre. À chaque fois, on la repousse. Actuellement elle est repoussée parce que les autorités parisiennes tiennent à ce que le cursus à l’EFB dure 18 mois alors qu’en province, la durée souhaitée est de 12 mois.

Je suis favorable au cursus de 12 mois, avec une option de 6 mois supplémentaires pour ceux qui veulent partir à l’étranger. C’est totalement dans l’esprit de notre slogan : les élèves choisissent. Nous souhaitons nous coordonner, école par école, sur ce sujet. Je ne suis pas en mesure de garantir cette réforme, juste de la demander avec force aux autorités publiques mais je la demanderai car il en va de nos valeurs constitutionnelles, celles du droit à un avocat formé.

 

Il y a encore beaucoup de jeunes avocats qui ont du mal à trouver des collaborations: Quest-ce que vous envisagez pour favoriser l’échange entre les jeunes avocats et les collaborateurs ?

FS: J’ai été le premier à proposer qu’il y ait, en quelque sorte, une aide à la collaboration au niveau national. Une base de données a été créée à l’EFB pour compléter les dispositifs existants. Néanmoins, une coordination nationale sur cette question est nécessaire. Il n’est pas possible de rester cantonné à des régions et à des bassins alors que les mouvements d’emplois du barreau sont nationaux. Pour illustrer ce propos, il faut savoir que 2000 jeunes prêtent serment à Paris, 1000 prêtent serment en province chaque année. Ce sont des proportions à peu près constantes depuis dix ans. Or, nous savons que la population des avocats, dans sa répartition Paris-Province est stable. En réalité, après avoir fait quelques années à Paris, nombre d’avocats vont s’installer en Province, ce qui explique cette stabilité de la répartition.

 

Pouvez-vous nous parler du soutien créatif que vous souhaitez mettre en place ?

FS: Il est indispensable de répondre aux objectifs européens. Les prochains objectifs européens actuellement connus sont de trouver des moyens de financement complémentaires au système bancaire traditionnel. L’Europe vise ici le financement participatif. Je pense pour ma part que notre profession doit se doter d’une véritable politique de financement du lancement des cabinets. Je n’imagine pas que l’Ordre se substitue à une banque, ce qui parait ni possible, si souhaitable. En revanche, rien n’empêche que nous donnions un coup de pouce pour que les dossiers soient complets, cohérents et présentables à des établissements de financements. Je vous donne un exemple: Vous voulez créer votre cabinet. Vous nous présentez un bilan prévisionnel qui correspond à ce début d’activité. Nous regarderons sa cohérence et si vous avez besoin de compléter ce projet de 3 000 euros par exemple, nous vous en ferons l’avance voire nous vous mettrons en rapport avec tel cabinet qui cherche à être tuteur d’une activité de ce type. Ainsi, nous organiserons en quelque sorte, un parrainage volontaire. Avec ce projet, nous vous offrons un appui concret : l’incubateur du barreau de Paris a été un succès et doit entrer dans sa phase II

 

Quel bilan tireriez-vous des années Pierre-Olivier Sur ?

FS: Comme dans tout bilan, il en ressort des choses positives et négatives. Je trouve, pour ma part, que le développement des campus est une très bonne idée, que l’incubateur est une idée formidable, que la direction des relations publiques était indispensable. Je trouve que le projet sur le secret professionnel est un projet cohérent et concret. Je trouve aussi que l’idée d’avoir tenu une séance du conseil de l’Ordre devant des caméras était excellente. Pour le surplus, je ne cache pas que je suis en total désaccord avec le désordre électoral qui résulte du report des élections et de la candidature du Vice-Bâtonnier. Elle impacte douloureusement l’autorité du Bâtonnier dont le mandat est essentiellement moral et éthique.

 

Quelle est votre position sur la loi renseignement ?

FS: Je ne peux qu’approuver la position qui a été prise par notre bâtonnier actuel. Je la croirais plus forte si elle s’appuyait sur un argument européen. La question va nécessairement être traitée au niveau de Bruxelles. On voit d’ailleurs que le Parlement de Strasbourg commence à prendre du poids dans le débat sur ces questions qui touchent aux libertés à travers l’Europe. Avec cette loi, on touche au cœur même des principes fondamentaux, du droit constitutionnel mais plus encore, à ce qu’est l’armature de l’Europe. Je n’arrive pas à comprendre comment le législateur français peut espérer débattre et sortir d’une telle question sans passer par une étude de droit comparé et une harmonisation européenne.

 

Avez-vous un projet concernant lactivité du Palais historique de la Cité ?

FS: Nous proposons aux pouvoirs publics deux projets concernant l’activité du Palais historique de la Cité. Le premier projet serait de regrouper toutes les méthodes de résolution alternatives des conflits pour que Paris soit la première capitale européenne dans le plus ancien des palais de justice d’Europe. Nous sommes pour l’ouverture d’un centre des modes alternatifs de règlement des différends, à savoir un centre de conciliation, de médiation, de procédure collaborative, de procédure participative, voire d’arbitrage. Que trouvera-t-on dans ce centre ? Des médiateurs et des avocats qui expliqueront à nos concitoyens quelle est la vertu de ces méthodes alternatives, leur coût, leur modalités. Le second projet serait de rassembler au centre de la cité, toutes les justices sociales, à savoir, le conseil de prud’hommes, le tribunal des affaires de sécurité sociale, la commission départementale d’action sociale et la justice consulaire afin de proposer aux parisiens et aux français, à titre d’exemple, une justice dynamique au cœur de la ville et au service de l’entreprise et du travail.

 

Depuis quelques mois on vous retrouve dans toutes les cases du Palais, peut-on vous appeler « Serial Toqueur » ?

FS: Il y a une différence entre le message électronique et le message papier qui est destiné à être médité. Je maintiens que les deux sont nécessaires pour pouvoir prendre des engagements. Le toquage, c’est exprimer un engagement destiné à être personnalisé. Pour moi, le toquage est vraiment important. Je regrette qu’une partie du barreau ne puisse pas être atteint par le toquage parce que, manifestement, il existe des filtrages courriers que je juge anormaux. Il est donc nécessaire de conserver cet exercice tant aux Batignolles qu’au Palais historique.

 

Laura Lizé et Charlotte Krief

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