En tête à tête avec un maître de conf

Lorsque l’on décide d’étudier le droit, plein de détails en apparence superflus mais souvent décisifs quant à notre parcours, viennent encombrer notre esprit.  Dois-je faire une année à l’étranger ? Comment préparer mes examens ? Comment rebondir après un redoublement ? Autant de questions auxquelles Louis Thibierge, Maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, a accepté de répondre. Entre conseils aux étudiants et souvenirs de son parcours universitaire, retour sur cette rencontre.

 

Le Petit Juriste : Pourquoi avoir choisi l’enseignement ?

Louis Thibierge : Je n’avais pas nécessairement vocation à faire du droit.  Je suis entré en fac de droit par hasard après avoir réussi le concours de l’ISIT (Institut Supérieur d’Interprétation et de Traduction) qui proposait une inscription à la fac de droit à Sceaux et 4 ans d’école de traduction à côté. J’ai eu la chance de rencontrer un professeur extraordinaire qui était passionné par la matière, l’enseignement, les étudiants. Ce professeur a  piqué mon intérêt et m’a donné envie de persévérer. Dès la troisième année je savais que je voulais faire une thèse car j’avais un goût particulier pour le droit et pour la recherche. J’ai commencé à enseigner en 2005 et j’y ai pris un plaisir non dissimulé. On peut cultiver l’intérêt des étudiants et avoir un rôle déterminant dans la poursuite de leurs études. On peut tirer les meilleurs vers le haut et soutenir ceux qui rencontrent des difficultés.

LPJ : Lors de vos études, vous étiez plus soirée BU ou soirée étudiante ?

L.T : Les soirées BU ? Jamais. Je ne fréquentais pas réellement les soirées étudiantes mais j’avais une vie associative très riche.

LPJ : Comment mettre toute les chances de son côté pour réussir sa licence ?

L.T : La qualité première est la curiosité. Un étudiant curieux va rechercher ce qu’il ne comprend ne pas, ouvrir des livres. A l’inverse, la passivité reste un défaut majeur des étudiants. La seconde qualité est le fait de venir en cours. Assister au cours permet de faire 50 % du travail : on ne le découvrira pas à la maison. Il faut bien sûr préparer ses séances des TD afin de pouvoir échanger avec son chargé de td. Si l’on vous donne à l’avance le thème d’une séance, c’est pour que vous l’ayez préparé. En d’autres termes, l’essentiel est de COMPRENDRE, pas d’apprendre.

LPJ : Comment s’organiser pour la préparation des examens ?

L.T : Pour les matières à TD, il est essentiel de travailler chaque semaine. Attention, le droit ce n’est pas du ‘’par cœur’’. Toute la qualité du juriste est de savoir réfléchir. Il faut savoir utiliser son cours et son code afin de mettre en place son raisonnement juridique.

Pour les petites matières, il serait aussi préférable d’anticiper mais je sais, ayant été étudiant, que cela tourne bien souvent aux révisions de dernière minute, en se promettant que l’année suivante, on s’y prendra à l’avance.

LPJ : Comment faire de ses études un tremplin professionnel ?

L.T : Il faut être le meilleur, viser systématiquement les mentions. Il faut vous singulariser. Essayez de découvrir le monde du travail, faites des stages. De plus, il est aujourd’hui indispensable de travailler son anglais : il n’y a pas un candidat à un cabinet international qui puisse prétendre ne pas parler anglais ou maîtriser approximativement l’anglais. Il faut faire en sorte de pouvoir parler et écrire correctement anglais afin de partir sans lacunes.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui vient de redoubler ?

L.T: J’ai moi-même redoublé ma première année de droit. Je comprends donc le sentiment que peut éprouver l’étudiant redoublant. Je lui dirais de ne pas se démoraliser, d’admettre que son échec est une occasion de rebondir et surtout de faire de son année une année utile. Vous pouvez assistez à un cours de l’année supérieure pour prendre de l’avance, faire un stage, découvrir le droit, participer à des audiences. Ne pas rester dans une optique d’échec.  Ce qui importe est de réussir les années suivantes.

LPJ: Parlant de stage, est-il possible d’en trouver un dès L1 ?

L.T : Peu de cabinets prennent des élèves de L1 et de L2 pour des stages véritablement instructifs. Trop souvent, le « jeune » stagiaire est cantonné à des tâches administratives et apprend peu de son futur métier. A partir de la L3, cela est plus facile d’offrir des stages de découverte aux étudiants. Néanmoins, visez les petites structures, dans les grands cabinets, on voit rarement des stagiaires en dessous d’un Master 1.

LPJ : Quand est-il préférable de passer le CRFPA ?

L.T : Je l’ai passé à la fin du Master 1 et j’encourage mes étudiants à en faire de même. Les souvenirs sont plus frais, vous êtes généralement encore amenés à pratiquer l’essentiel des matières et si vous réussissez l’examen, vous gagnez un an. De plus, si jamais vous le ratez, vous pouvez toujours le repasser à la fin du M2.

LPJ : L’année d’échange, vous êtes pour ou contre ?

L.T : Il est difficile de donner une réponse univalente. Bien souvent, l’année d’Erasmus renforce les bons étudiants et affaiblit les étudiants qui étaient déjà tangents. L’Erasmus ne doit pas être une finalité en soit. Lorsque l’on opère ses choix, il faut réfléchir aux points sur lesquels on peut améliorer son cv. Il faut essayer d’orienter son choix de master en fonction de ses besoins et de ses projets professionnels. En revanche, je pense que faire un LL.M. est une bonne chose aujourd’hui.

LPJ : Un dernier conseil pour la route ?

L.T : Je dirais aux étudiants tétanisés par la pression d’avoir confiance en eux, d’y croire. Les études de droit sont extrêmement riches. Faire son droit est une occasion de s’ouvrir sur le monde et de se révéler, alors faites en sorte d’en tirer avantage !

Propos recueillis par Laura Lizé et Kelsey Kallot

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.