Aujourd’hui, le juriste doit avoir une vision claire des enjeux stratégiques, comptables, et managériaux de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle les cabinets et les grands groupes privilégient les candidats dotés d’une solide formation juridique, doublée d’un diplôme d’une école de commerce.
Juriste de formation, Pierre Huckert suit depuis octobre dernier le mastère spécialisé en management juridique des affaires de TBS, Toulouse Business School. « Spécialisé en protection sociale chez Harmonie Mutuelle, j’ai très vite été confronté à des problématiques business auxquelles je n’avais pas été formé durant mon M2 santé, prévoyance et protection sociale à l’Université Paris Descartes » explique le jeune homme.
Aujourd’hui, au-delà des aptitudes techniques du juriste, les entreprises recherchent en effet des professionnels dotés également d’une excellente compréhension des enjeux business. Elles doivent notamment adopter un management des risques juridiques de plus en plus efficace. Véritable partner, le juriste intervient donc lors de toutes les grandes étapes business telles que la négociation des contrats ou encore le développement d’affaires.
Des cours en phase avec le marché
Pour répondre aux attentes des entreprises, la majorité des grandes écoles de commerce proposent des formations alliant cette double compétence en droit et en management à l’image d’HEC qui dispense notamment un MS/LLM droit et management international. Nicole Stolowy, directrice de la majeure stratégie fiscale et juridique internationale de l’école confirme ainsi que « la double formation droit et management est très recherchée des gros cabinets particulièrement en fusions/acquisitions, fiscalité et concurrence, car ces domaines ont de fortes implications économiques, comptables et stratégiques. » Elle entretient ainsi des « liens très forts avec tous les plus grands pontes de la place » pour dispenser des cours en phase avec le marché.
Pour Brigitte de Foucher, responsable du mastère spécialisé expert en gestion fiscale de l’entreprise de Skema business school, « le droit des affaires étant un outil au service de la stratégie des groupes, il est indispensable d’avoir une culture d’entreprise. » Elle ajoute : « En fiscalité par exemple, il faut combiner les connaissances académiques reçues en cours avec des données tirées de la comptabilité. Il faut aussi savoir travailler en équipe, à distance, et même parfois, s’il s’agit d’un grand groupe multinational, avec des partenaires internationaux. Enfin, il est essentiel de s ‘adapter au nouveau contexte de la digitalisation de la fonction juridique et fiscale. »
Avoir une vision claire des enjeux stratégiques
Gilles Pillet, directeur académique du MS droit et management international à l’ESCP Europe, confirme aussi sans détour : « Le juriste ne peut pas penser sa matière indépendamment des besoins des entreprises. Il doit donc cesser de raisonner dans le monde clos du droit et d’y développer son expertise en « laboratoire ». Il ne peut plus être uniquement le savant que l’on consulte depuis sa tour d’ivoire. Concrètement, le juriste doit avoir une vision claire des enjeux stratégiques, comptables, financiers, managériaux de l’entreprise pour savoir quand et comment son expertise peut s’intégrer dans l’activité économique et dans les projets de sa société. » Pour Pierre qui vient de décrocher un CDI dans un cabinet de conseil avant même de valider son MS management juridique des affaires de TBS, cette double compétence a fait incontestablement la différence lors du recrutement.
Séverine Tavennec