Appoline Moisson, 25 ans, élève-avocate à l’Hédac (Haute école des avocats conseils), a réussi l’examen du CRFPA à la session 2019. Elle revient sur cette journée cruciale et nous livre ses précieux conseils pour assurer à ce grand oral.
« J’ai passé le grand oral du CRFPA pour la première fois au sein de l’IEJ de l’université Paris-2 Panthéon-Assas en novembre 2019. J’ai été convoquée un matin à 9h45 pour commencer à préparer mon sujet. Nous étions réunis en groupe de cinq. Dès que je suis arrivée devant la salle de préparation, je me suis isolée en écoutant de la musique afin de ne pas trop écouter les autres candidats discuter car c’était pour moi une source de stress supplémentaire. Nous avons été appelés tous en même temps et réunis autour d’une table pour préparer un seul et même sujet qui avait été tiré au sort le matin même. Il faut être préparé à composer dans ces conditions et il peut être utile de se créer une bulle pour ne pas se laisser déstabiliser par ce qu’il se passe autour.
« J’ai d’abord été paniquée »
Le sujet était : « Le projet de loi bioéthique à l’épreuve des droits et libertés fondamentaux ». Lorsque je l’ai découvert, j’ai d’abord été paniquée. En effet, je réalisais comme les autres étudiants que j’étais venue avec ma panoplie de codes et qu’ils allaient peu me servir car
j’étais interrogée sur un sujet de droit prospectif. Après cinq minutes de passage à vide, j’ai réussi à me ressaisir. Même si je connaissais les grandes lignes du sujet, je n’estimais pas avoir des connaissances suffisamment détaillées pour impressionner le jury sur le fond. J’ai donc tenté de soigner tout particulièrement la forme de la présentation que j’allais faire. Une fois l’heure de préparation écoulée, et cela passe très vite, un surveillant est venu nous chercher pour nous conduire devant « le cabinet des professeurs ». Ce moment d’attente m’a particulièrement marquée car nous attendions, tous les cinq alignés devant nos différentes salles, que la porte s’ouvre, et ce, dans un décor plutôt impressionnant.
« J’avais choisi de commencer par une citation »
Les premiers mots que l’on prononce sont très importants car ils nous permettent de nous lancer pleinement dans notre présentation. J’avais choisi de commencer par une citation et j’ai vu que cela avait interpellé les membres du jury qui ont posé leurs stylos pour m’écouter. En revanche, prise par le stress, j’ai fait l’erreur de ne pas regarder l’heure à laquelle j’avais commencé ma présentation. Je n’ai donc pas pu savoir si je respectais le temps imparti. Pendant les trente minutes de questions qui ont suivi, le jury est resté vraiment très proche du sujet et la majorité des questions qui m’ont été posées demandaient un avis personnel. La difficulté de l’exercice est qu’il faut savoir le donner tout en le justifiant et le jury attend cela. En sortant de l’oral, j’étais très heureuse que ce soit terminé sans pour autant savoir si j’avais convaincu le jury car celui-ci était resté très neutre. Le jour des résultats, j’apprendrai finalement avoir eu la note de 15/20.
« Il faut vraiment travailler la méthode »
Le conseil que je pourrais donner aux futurs candidats est qu’il faut vraiment avoir à l’esprit que le grand oral est pour moitié un exercice de forme. Les sujets sont tellement vastes qu’il est impossible de tout connaître. En revanche, il faut vraiment travailler la méthode. J’avais passé la moitié de mon temps de préparation à trouver une problématique et un plan avec des parties dynamiques pour y répondre. J’avais cherché autant que possible à rendre mon introduction et ma conclusion accrocheuses. Pour se préparer au mieux, il peut être très utile de s’entraîner à faire des plans sur différents types de sujets les quinze derniers jours avant l’oral pour se créer des automatismes. Enfin, il faut y aller dans un état d’esprit positif et combattif en montrant au jury que l’on est convaincu par ce que l’on dit. Il ne faut pas oublier qu’outre les compétences juridiques, ce sont les qualités recherchées pour un futur avocat. »
Appoline Moisson