Julie Catalifaud, détective privée : Voir sans se faire voir

Elle exerce ce métier depuis huit ans. Juriste de formation, elle ne s’est pas présentée au concours du barreau pour se spécialiser dans la sécurité des biens et des personnes.  Elle revient sur son parcours et nous raconte son quotidien.

« Le jour où j’ai dû assister à un enterrement dans l’espoir de voir apparaître un escroc, le fils de la personne décédée, je me suis dit que j’exerçais vraiment un métier hors du commun » raconte Julie, détective privée de 34 ans.  La jeune femme exerce cette profession depuis huit ans. Directrice de l’Agence Vendôme Investigation, à Paris, elle travaille avec un noyau dur de deux collaborateurs aux profils très différents, pour pouvoir s’adapter à tous les types de situations. « Notre trio fonctionne bien : une jeune femme dynamique de 34 ans, un ancien militaire de 45 ans très baroudeur et un homme de 64 ans plutôt rassurant » décrit Julie.

Pas de routine

Affaires familiales, enlèvements d’enfants, recherche de personnes disparues, adultères, vol en entreprise, lutte contre la contrefaçon, fraudes à l’assurance… sont le lot quotidien de la jeune femme. « J’apprécie la diversité des enquêtes que je mène. J’interviens au cœur de problématiques aussi bien civiles que commerciales. Quatre heures ou six mois, en France ou à l’étranger : la durée et le lieu des missions varient. « Il ne faut pas aimer la routine ! Je change constamment de milieux et de décors. Je peux être appelée en soirée pour prendre un train illico et me retrouver quelques heures plus tard dans un hôtel cinq étoiles à Courchevel, revenir le lendemain à Paris pour enquêter dans une cité et enchaîner quelques jours plus tard avec une mission à Marrakech. Il m’arrive de travailler 48 heures d’affilée » raconte Julie.

L’envie d’exercer un métier atypique

Un métier palpitant auquel la jeune femme ne se prédestinait pourtant pas. Juriste de formation, après un M1 en droit privé, elle s’apprête à passer le concours du barreau pour devenir avocate mais s’inscrit en parallèle en licence professionnelle spécialité activité juridique, directeur d’enquêtes privées, à l’Université Paris II Panthéon-Assas. « Plus l’échéance du concours du barreau arrivait, plus je m‘interrogeais sur mon avenir. En fait, j’avais envie d’action et d’exercer un métier atypique. Quand j’ai su que j’étais prise pour la licence pro, je n’ai donc pas hésité » raconte Julie. Sa décision suscite la surprise de ses proches. Le virage est brutal mais la jeune femme sait qu’elle fait le bon choix. A l’obtention de son diplôme, elle fait un stage à Paris, chez un « détective à l’ancienne ». Julie découvre la réalité du métier. Cela lui fait peur et l’attire en même temps. Recherche de personnes disparues, fraudes à l’assurance, dommages corporels… : « J’ai très vite compris qu’il fallait s’accrocher car on assiste parfois à des situations délicates. On peut aussi se mettre en danger en enquêtant sur des personnes malveillantes ».

Une profession réglementée par le CNAPS

Au bout de six mois de stage, Julie, toujours aussi motivée, continue à se former et collabore avec plusieurs sociétés de détectives privés. Diplômée de la licence professionnelle spécialité activité juridique, directeur d’enquêtes privées, de l’Université Paris II Panthéon-Assas, elle obtient l’agrément nécessaire à l’exercice de son métier. En 2011, elle ouvre une agence à Paris : Agence Vendôme Investigation. « C’est une profession très concurrentielle, nous sommes environ 400 sur Paris. Par contre, depuis la création en 2012 du CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), les contrôles des agents de recherches privées se sont renforcés et il n’y a plus de charlatans dans ce milieu » précise Julie. La jeune femme ne passe pas beaucoup de temps dans son bureau sauf pour rédiger ses rapports dont la vocation est notamment d’ouvrir une procédure judiciaire : « Je suis fière quand je rends un rapport probant » annonce-t-elle. Le terrain et les filatures demeurent donc l’une des activités principales de Julie. Elle enquête beaucoup pour des entreprises qui soupçonnent par exemple des vols internes ou des détournements de fond. « Cela ne manque pas d’action. Un jour, tout est calme et un autre jour tout s’enflamme ! ».

Trouver des preuves irréfutables

Pas besoin d’imperméable ou de lunettes noires mais juste d’un appareil photo, Julie mise avant tout sur la discrétion, qualité indispensable pour mener à bien ses missions. « Je dois très vite m’adapter à un environnement, un lieu et paraître le plus naturelle possible pour pouvoir ainsi prendre les gens par surprise. Je privilégie bien sûr ma propre sécurité. Dès que je sens que je peux être en danger, je pars » confie la détective privée. Et de préciser : « Il faut aussi toujours rester dans la légalité et respecter le secret professionnel. Les clients nous accordent leur confiance. Nous défendons leurs intérêts, leurs droits. Mon travail est de trouver des preuves irréfutables dont pourrait dépendre la solution d’un litige. » Julie, les yeux pétillants, parle de son métier avec exaltation et passion. Ce qu’elle adore par-dessus tout : « Se lever chaque matin sans vraiment savoir de quoi sera faite sa journée ».

Un métier qui ne s’improvise pas

Cette passion, elle la transmet à la jeune génération en dispensant des cours à l’Esarp (École supérieure des agents de recherches privées). Elle leur décrit ainsi la réalité du métier : « Cette profession continue à nourrir l’imaginaire collectif et d’entretenir de nombreux fantasmes mais la réalité du travail est vraiment bien différente. Le détective privé est aujourd’hui soumis à une réglementation stricte et doit respecter certaines règles déontologiques. Ce n’est pas un métier qui s’improvise. Il exige aussi une très grande disponibilité. » Une profession à suivre donc, en toute discrétion…

Séverine Tavennec

 Se former au métier de détective privé

Quatre cursus forment au métier de détective privé. Vous pouvez ainsi intégrer lIfar (Institut de formation des agents de recherches), à Montpellier ou l’Esarp (École supérieure des agents de recherches privées) à Paris. Ces établissements préparent au CQP (certificat de qualification professionnelle), accessible après le bac et qui permet de travailler uniquement comme salarié.  Ils proposent aussi d’accéder au titre certifié de détective, agent de recherches privées, directeur des opérations, accessible après un bac + 2.

Deux licences professionnelles débouchent également sur ce titre, à l’université de Nîmes et à l’université Paris II Panthéon-Assas. Niveau requis : bac +2. Les titulaires d’une L2 droit ou d’une L2 AES postulent à ce cursus.

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